La modestie, l'intégrité et le patriotisme du moudjahid, universitaire et ancien journaliste, Zahir Ihaddadene, décédé il y a quelques jours, ont été soulignés mardi à Alger par des témoins l'ayant connu. Intervenant lors d'un hommage consacré par le forum d'El-Moudjahid à Zahir Ihaddaden, décédé le 20 janvier courant à Alger, le Dr Said Chibane, a rappelé d'emblée "la grande contribution du défunt quant à la création de ce quotidien gouvernemental, avant de citer les nombreuses qualités professionnelles et humaines qui l'ont distingué". Il a évoqué, à ce titre, les six années durant lesquelles il a exercé avec honneur et plaisir à ses côtés au Conseil national de déontologie universitaire et durant lesquelles il a pu apprécier "la sagesse, la pondération et la passion ayant caractérisé la personnalité du défunt". "Il avait le souci de l'intérêt général et comparait l'université à une tête humaine dont il faut prendre soin pour que tout le corps soit sain", a-t-il poursuivi, avant de convier les jeunes à se pencher sur les orientations et le legs historiques que le défunt a consignés dans ses ouvrages, lesquels ont pris en charge toutes les aspirations des citoyens. Lié avec M. Ihaddaden par une amitié renforcée par l'appartenance au même patelin de naissance, l'ancien cadre de la Direction générale de la Sureté nationale (DGSN), Aissa Kasmi est allé dans ce sens, considérant que le défunt fait partie des Algériens oeuvrant en silence et qui ont sillonné le chemin pour les générations futures. "Il était de ceux qui rasaient les murs mais grâce à qui l'Algérie est encore debout. Il était également de ceux par qui les fonctions sont agrandies et non pas parmi ceux qu'agrandissent les fonctions", a-t-il poursuivi, ajoutant que l'enseignant universitaire que fût Ihaddaden était "si modeste qu'il voyait en ses élèves une matière grise avec laquelle il fallait composer". M. Kasmi a conclu son intervention en attestant que son ancien ami a de tout temps refusé d'endosser de grandes responsabilités qu'il considérait trop pesantes, en dépit des nombreuses sollicitations dans ce sens. L'un de ses élèves, l'universitaire et anciennement journaliste, Sadek Bekhouche n'a pas tari, à son tour, d'éloges en évoquant celui qui a incarné "le déni de soi, la simplicité alliée à la profondeur ainsi que le sens de la pédagogie". "Il avait d'énormes capacités de communication aussi bien avec le large public qu'avec celui des étudiants. Il était différent des docteurs qui se comportaient en dictateurs et savait nous attirer plutôt que de nous dominer", a-t-il, entre autres, témoigné. S'agissant du journaliste brillant que fût également M. Ihaddaden, son disciple se souvient que ce dernier "n'a jamais versé dans la diffamation d'une quelconque personne ou partie, tout en ne s'empêchant pas de n'écrire que ses convictions". M. Bekhouche a tenu, enfin, à mettre en avant une facette moins connue de la personnalité du défunt intellectuel et militant de la cause nationale, celle de "son attachement à un islam d'amour, de respect, de tolérance et de dialogue". A l'occasion de l'hommage rendu dans le cadre de ce forum, le dernier ouvrage du défunt Ihaddaden -qu'il a eu la possibilité de consulter deux jours avant son décès- intitulé "Itinéraire d'un militant", a été présenté, pour la première fois, à l'assistance. Par ailleurs, un autre hommage lui sera consacré lundi prochain par le Club d'Information de l'université d'El-Affroun Blida II, créé en 2015 et qui porte déjà depuis des mois le nom de l'universitaire. Natif en 1929 de la région de Toudja (Béjaia), Zahir Ihaddaden a rejoint les rangs des militants de la cause nationale et travaillé, pendant la Guerre de libération nationale, à El-Moudjahid de juin 1956 au 19 mars 1962, où il était parmi l'équipe rédactionnelle de l'édition francophone. D'abord à Tétouan, le 5 août 1957 puis à Tunis en novembre de la même année, aux côtés du défunt Réda Malek. Il fut également, l'un des relais de Abane Ramdane, auprès des militants à l'université d'Alger. Historien et enseignant universitaire, il a contribué à la création de l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger (ESJ), en 1964, comme il a aidé à la formation de la première génération de journalistes algériens et chercheurs universitaires. Le défunt compte, par ailleurs, plusieurs ouvrages à son actif dont "Histoire de la presse indigène en Algérie, des origines jusqu'en 1930", "La presse écrite en Algérie de 1965 à 1982", et "L'histoire des colonisés du Maghreb".