Reporters sans Frontières (RSF) a exprimé samedi sa "vive préoccupation" après la condamnation d'un journaliste par la justice marocaine pour sa couverture de la révolte du Rif et a réclamé sa "libération immédiate". Le journaliste Abdelkabir al Horr, fondateur du site d'information généraliste Rassdmaroc, a été condamné jeudi dernier à 4 ans de prison ferme par la cour d'appel de Rabat et quatre autres journalistes font également l'objet de poursuites pour avoir publié des "informations confidentielles" sur des soupçons de corruption au sein de la Caisse des retraites marocaine, a indiqué un communiqué de cet observatoire de la liberté de la presse dans le monde. Abdelkabir al Horr était poursuivi depuis le mois d'août 2017 pour "apologie du terrorisme, incitation à une manifestation interdite dans la région du Rif et insulte à corps constitué", rappelle RSF, mais son avocat a précisé que la justice lui a reproché des écrits sur le mouvement de protestation sur le "Hirak" sur une page facebook qu'il ne gère plus depuis 2016. Selon l'avocat, la cour a refusé une demande d'expertise technique. En plus de cette condamnation, le procès de deux autres journalistes qui travaillent pour deux quotidiens Al Massae et Akhbar Al Yaoum et des journalistes du site d'information en ligne Aljarida24, s'est ouvert le 25 janvier devant le tribunal de première instance de Rabat. "Tous sont poursuivis pour avoir publié des extraits d'une enquête parlementaire confidentielle sur des soupçons de corruption à la Caisse marocaine des retraites (CMR)", a indiqué RSF, précisant qu'ils encourent une peine de un à cinq ans de prison et une amende de 1 000 à 10 000 dirhams (100 à 1.000 euros) pour "divulgation du secret professionnel" et "complicité". Leur procès a été reporté au 8 mars. Pour la rédactrice en chef de RSF, Virginie Dangles, "informer sur un mouvement de protestation citoyenne ou sur des données d'utilité publique n'est pas un crime, c'est un droit", soulignant que "la fébrilité répressive des autorités judiciaires contre les journalistes est un très mauvais signe". A cet effet, RSF demande la libération "immédiate" d'Abdelkabir al Horr et l'abandon des charges pour l'ensemble des journalistes "qui n'ont fait que leur travail d'information". Le Maroc figure à la 133e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2017, rappelle-t-on. Selon RSF, les autorités marocaines exercent des pressions politiques et économiques sur les médias marocains indépendants pour "les dissuader de traiter de sujets hautement sensibles", relevant également que la presse étrangère "n'est pas non plus en reste". "Arguant de l'absence d'autorisation de tournage, les expulsions manu militari de journalistes n'ont cessé d'augmenter en 2016", a-t-on rappelé.