Dans un communiqué rendu public hier sur son site internet, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé les exactions contre des journalistes venus couvrir les manifestations qui secouent le Rif depuis la mort du vendeur de poisson, Mohcine Fikri, dans une benne à ordures en octobre 2016. L'organisation dit avoir déjà recensé deux arrestations, trois disparitions et l'expulsion d'un journaliste algérien. «Les autorités veulent-elles étouffer les événements dans le Rif ? Depuis le 26 mai dernier, les journalistes et journalistes-citoyens venus couvrir les manifestations dans la région sont dans le viseur des autorités. Mohamed Al Asrihi et Jawad Al Sabry du média en ligne Rif24 et Abd Al Ali Haddou (animateur de la web TV AraghiTV) ont disparu depuis le 26 mai de peur de se voir interpellés et condamnés. Houssein Al Idrissi (photographe de RifPresse) et Fouad Assaïdi (AgrawTV) ont tous deux été arrêtés samedi 27 mai dernier à Al Hoceïma, et immédiatement transférés vers Casablanca pour la poursuite de l'enquête menée par la brigade centrale de la police judiciaire», écrit RSF. L'organisation de défense de la liberté de la presse indique que «les chefs d'accusation retenus contre eux sont inconnus à ce jour». «Il est à craindre que leur arrestation survenue au même moment que celle de militants du mouvement Hirak ne mène à des poursuites pénales qui n'ont rien à voir avec leurs activités journalistiques», ajoute RSF. «Il est essentiel de laisser les journalistes et journalistes-citoyens couvrir les événements du Rif, au risque sinon de voir cette région devenir, comme l'est actuellement le Sahara occidental, une zone de non-droit pour l'information indépendante», déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF, qui appelle «les autorités marocaines à libérer les journalistes-citoyens marocains actuellement détenus pour avoir exercé leur droit d'informer et demandons de faire cesser les menaces et les poursuites à leur encontre». RSF mentionne que la presse étrangère n'est pas épargnée. La même source rappelle que le 28 mai 2017, Djamal Alilat, grand reporter du journal algérien El Watan, a été interpellé à Nador. Il a été depuis expulsé du territoire marocain après avoir passé plus de 24 heures en détention, sans qu'on lui restitue son matériel saisi. «Les autorités ont invoqué l'absence d'une autorisation de tournage, prétexte trop souvent utilisé et soumis à l'arbitraire au vu du manque de transparence dans les critères d'octroi de ces autorisations et de l'absence d'une notification de refus motivée dans des délais raisonnables», regrette RSF.