La famille "Nemmar" de Chlef est l'une des familles qui comptent de nombreux martyrs tombés au champ d'honneur pour la libération de la patrie du joug colonial. 12 de ses enfants sont morts lors des batailles livrées dans la wilaya 4 historique. Les massifs du Ouarsenis, les monts de Beni Bouateb et bien d'autres régions à Aïn Defla et Tissemsilt se remémorent encore les sacrifices de cette famille dont 24 membres, hommes et femmes, se sont jetés dans l'arène du combat. D'ailleurs, il ne manque pas une occasion historique célébrée dans la wilaya de Chlef où les noms des 12 martyrs de cette famille ne sont pas évoqués. Dans le cadre de la célébration de la journée du Chahid, l'APS a tenu à rendre hommage à cette famille de révolutionnaires et s'est rendue dans les communes de Oued Fodda et El Karimia pour rencontrer ceux qui sont encore en vie. Rencontré sur les hauteurs de Beni Bouateb, le moudjahid Mohamed Seghir Nemmar (82 ans) ne manque pas une occasion historique pour se rendre accompagné de ses enfants, dans cette région où sont tombés en martyrs son père, son grand-père, son oncle et ses cousins", confie-t-il. Désigné au lendemain du déclenchement de la guerre de libération pour prendre en charge la comptabilité, le moudjahid Mouhamed Seghir poursuit son récit sur le premier chahid dans la famille, son oncle Nemmar Mohamed, tué dans une bataille de la région en septembre 1956. Les membres de la famille rejoignaient, l'un après l'autre, les rangs de la lutte armée dans les régions de Beni Boustour, Béni Bouatteb, El Krimia et l'Ouarsenis témoin de leur heroisme et de leur martyr. La liste des martyrs de la famille Nemmar comptait également des femmes qui ont accompagné leurs époux et enfants dans la lutte contre le colonialisme. Ces femmes natives de Chlef qui apportaient soutien et réconfort moral, étaient présentes sur le terrain. Elles étaient notamment chargées de prodiguer des soins aux moudjahidine, de transmettre les informations et d'assurer le transport des équipements à l'instar de Taos, épouse de Mohamed Nemmar, première femme martyre de la famille à tomber au champ d'honneur aux côtés de Kheira Bouguellal, d'après l'ouvrage Mémoires de l'Ouarsenis du moudjahid Mohamed Seghir Nemmar. Le moudjahid Hadj Abdelkader Nemmar (75 ans), alias "Kouider", qui compte parmi les six membres de la famille Nemmar qui sont toujours en vie, se remémore avec fierté les actes héroïques de sa famille lors de nombreuses batailles où ils ont infligé à l'ennemi de grandes pertes humaines et matérielles. La bataille de Beni Boustour demeurera à jamais témoin de leurs sacrifices et gloires, gravant leurs noms en lettres d'or dans l'histoire de l'Algérie, a indiqué Hadj Abdelkader qui a ajouté que certains membres de sa famille étaient morts au champ d'honneur et d'autres sous la torture comme ce fut le cas pour le chahid et héros Si Ahmed Nemmar (1959). Hadj Kouider qui porte encore la cicatrice d'une blessure à la jambe évoquant sa bravoure, énumère avec beaucoup d'émotion les membres de sa famille morts pour l'indépendance de l'Algérie, entre 1956 et 1961. ---des sacrifices à méditer, un message de fidélité au serment des chouhadas--- La famille Nemmar compte à elle seule 24 moudjahid, dont 12 sont tombés au champ d'honneur durant la guerre de libération nationale et six décédés après l'indépendance. Aujourd'hui, seuls six moudjahidine de cette famille sont encore en vie, ces derniers veillent à transmettre à leurs petits enfants les exploits de leurs ancêtres qui avaient fait du sacrifice pour la patrie un principe au dessus de toute considération et de la liberté un objectif qui consacrera l'indépendance de l'Algérie. Dans ses mémoires, le moudjahid Mohamed Seghir Nemmar raconte comment des familles entières ont été massacrées, affirmant que "pour arracher son indépendance, l'Algérie a payé un lourd tribut dont seuls ceux qui ont vécu l'atrocité et les affres du colonialisme en sont conscients". Il a mis l'accent sur l'importance de faire connaître l'histoire nationale aux jeunes générations. Rappelant les sacrifices de cette famille et les martyrs de la guerre de libération nationale en général, le moudjahid Kouider a souligné l'impératif de demeurer fidèle au serment des chouhadas morts "pour que vive l'Algérie libre et indépendante", un serment qui se veut, a-t-il dit, un engagement à perpétuer et à méditer à chaque événement historique à travers l'évocation de l'heroisme et de la vaillance de nos moudjahidine et de nos martyrs.