L'Algérie sera représentée à ce sommet par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, accompagné de Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères, et Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce. Ce sommet, convoqué par le chef d'Etat rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l'UA, devrait permettre aux dirigeants africains de se pencher sur les obstacles qui entravent les échanges commerciaux entre les Etats du continent. Lire aussi: Zone de libre-échange africaine: l'Algérie et l'UA appellent à assurer le succès du sommet de Kigali Lors de sa dernière visite en Algérie, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait indiqué avoir réitéré avec les responsables algériens la nécessité de "tout faire" pour assurer le succès du sommet extraordinaire de Kigali, précisant que le Protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain, adopté par le sommet de janvier 2018 à Addis-Abeba, sera soumis aux Etats membres pour signature. Il avait également exhorté l'Algérie à se joindre au marché unique sur le transport aérien lancé lors du sommet de janvier 2018, et auquel 24 Etats membres font déjà parties, ajoutant que le marché unique permettra d'accroître les liaisons aériennes entre pays africains et de réduire leurs coûts, favorisant ainsi les échanges commerciaux, les investissements et le tourisme. Faki Mahamat s'était réjoui, par ailleurs, des "avancées importantes" enregistrées dans la réalisation de projets d'infrastructures régionales dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), notamment la route transsaharienne Alger-Lagos et la liaison par fibre optique entre l'Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, de même que le gazoduc transsaharien entre l'Algérie, le Niger et le Nigeria, incluant des bretelles vers d'autres pays de la sous-région. Le président de la Commission de l'UA avait, par la même occasion, exprimé l'appréciation de l'UA à l'Algérie pour son engagement en faveur de ces projets visant à "créer un corridor de développement, par le désenclavement de la sous-région et la promotion du commerce". Lire aussi: Afrique: l'UA se trouve dans une "phase importante" de son histoire (Moussa Faki) La zone de libre échange doit inclure le marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la communauté d'Afrique de l'Est (CAE), la communauté de développement d'Afrique australe (SADC), la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la communauté des Etats sahélo-sahariens. Ce projet constitue l'un des axes prioritaires de l'Agenda 2063 de l'UA, qui a tracé une nouvelle vision du développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s'appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable. Les négociations en vue d'établir une zone de libre-échange continentale ont été lancées lors du sommet de l'UA qui s'est tenu en juin 2015 à Johannesburg (Afrique du Sud), mais le calendrier des négociations est lié au fait que la mise en œuvre du Traité d'Abuja, qui sert de base juridique pour les négociations, a pris du retard. Le sommet de Johannesburg avait décidé que les négociations devraient englober le commerce de marchandises et celui des services, ainsi que l'investissement, les droits de propriété intellectuelle et la politique de concurrence. Lire aussi: Agenda 2063 de l'UA: Faki Mahamat salue le "soutien actif" de l'Algérie Avec le lancement de la zone de libre échange, estiment de nombreux économistes, les pays africains auront démontré toute leur volonté d'aller vers une intégration réussie permettant la concrétisation de projets en commun, ajoutant que la mise en place de ce projet marque "le début d'un nouveau processus qui pourrait rapprocher l'Afrique de ses objectifs de développement et de la réalisation des aspirations de l'Agenda 2063". Outre les bénéfices qui en découleront, la mise en œuvre d'un accord sur la zone de libre échange est considérée par ces mêmes experts en économie comme "un signal de la détermination du continent à rompre avec les récits négatifs du passé pour se tourner vers un avenir fondé sur une prospérité partagée". Selon une étude de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, la conclusion et la mise en œuvre fructueuses d'un accord sur la zone de libre échange, complétées par des efforts visant à améliorer les infrastructures liées au commerce et les procédures douanières, ainsi qu'à réduire les coûts de transit et autres coûts des échanges, pourraient entraîner une hausse de 52%, soit environ 35 milliards de dollars du commerce intra-africain d'ici 2022. Toutefois, il est recommandé aux Etats africains de mettre l'accent plus particulièrement sur des "arrangements" à l'échelle continentale et d'inscrire l'ambition d'arriver à un accord sur la zone de libre échange dans "un délai ne dépassant pas les deux ans", d'autant que la faiblesse du réseau d'infrastructures sur le continent constitue "l'un des grands obstacles au développement du commerce intra-africain et aux investissements".