L'instauration d'une zone de libre-échange continentale répond au besoin des pays membres de l'Union africaine de sortir de cette dépendance chronique des grandes puissances progressivement. L'Algérie a signé hier à Kigali (Rwanda) l'accord d'instauration d'une Zone africaine de libre-échange continentale (ZLEC) et le protocole instituant la Communauté économique africaine, relatif à la libre circulation des personnes, à l'issue du Sommet extraordinaire convoqué par l'Union africaine, a rapporté l'APS. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L'accord a été également signé par une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, lors de ce sommet extraordinaire dont les travaux avaient été présidés par le chef d'Etat rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l'Union africaine. La mise en place de la Zone de libre-échange constitue l'un des projets phares de l'Agenda 2063 de l'UA, qui avait tracé une nouvelle vision de développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s'appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable. D'ici 2063, les pays africains ambitionnent d'être parmi les plus performants, en termes de mesures de la qualité de vie dans le monde grâce à des stratégies de croissance inclusive, la création d'emplois, l'augmentation de la production agricole, des investissements dans la science, la technologie, la recherche et l'innovation, ainsi que la fourniture de services de base. La ZLEC doit inclure le marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), la communauté d'Afrique de l'Est (CAE), la communauté de développement d'Afrique australe (SADC), la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union du Maghreb arabe et la communauté des Etats sahélo-sahariens. Les négociations avaient été lancées lors du Sommet de l'UA qui s'est tenu en juin 2015 à Johannesburg (Afrique du Sud), mais le calendrier des négociations est lié au fait que la mise en œuvre du Traité d'Abuja, qui sert de base juridique pour les négociations, a pris du retard. Le Sommet de Johannesburg avait décidé que les négociations devraient englober le commerce de marchandises et celui des services, ainsi que l'investissement, les droits de propriété intellectuelle et la politique de concurrence. Outre les bénéfices qui en découleront, la mise en œuvre d'un accord sur la Zone de libre-échange est considérée comme un signal de la détermination du continent à rompre avec les récits négatifs du passé pour se tourner vers un avenir fondé sur une prospérité partagée. Lors de sa dernière visite en Algérie, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait indiqué avoir réitéré avec ses hôtes algériens la nécessité de tout faire pour assurer le succès du Sommet extraordinaire de Kigali. Il s'était réjoui, par ailleurs, des avancées importantes enregistrées dans la réalisation de projets d'infrastructures régionales dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), notamment la route transsaharienne Alger-Lagos et la liaison par fibre optique entre l'Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, de même que le gazoduc transsaharien entre l'Algérie, le Niger et le Nigeria, incluant des bretelles vers d'autres pays de la sous-région. R. I./APS