Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet extraordinaire de l'Union africaine, a signé mercredi à Kigali, l'accord établissant la Zone de libre échange continentale (ZLEC) et le protocole instituant la Communauté économique africaine, relatif à la libre circulation des personnes. L'accord a été également signé par une quarantaine de chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA, lors de ce sommet extraordinaire dont les travaux sont présidés par le chef d'Etat rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l'Union africaine. Le sommet extraordinaire de l'Union africaine, consacré au lancement officiel de la Zone de libre échange continentale, s'est tenu ce mercredi à Kigali en présence des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays membres de l'UA Ce sommet sera sanctionné par la signature d'un accord établissant la Zone de libre échange continentale (ZLEC) et d'un protocole instituant la Communauté économique africaine, relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence au droit d'établissement. Les négociations en vue d'établir une zone de libre-échange continentale ont été lancées lors du sommet de l'UA qui s'est tenu en juin 2015 à Johannesburg (Afrique du Sud), mais le calendrier des négociations est lié au fait que la mise en œuvre du Traité d'Abuja, qui sert de base juridique pour les négociations, a pris du retard. Le sommet de Johannesburg avait décidé que les négociations devraient englober le commerce de marchandises et celui des services, ainsi que l'investissement, les droits de propriété intellectuelle et la politique de concurrence. Outre les bénéfices qui en découleront, la mise en œuvre d'un accord sur la zone de libre échange est considérée comme un signal de la détermination du continent à rompre avec les récits négatifs du passé pour se tourner vers un avenir fondé sur une prospérité partagée. La mise en place de la Zone de libre échange constitue l'un des projets phares de l'Agenda 2063 de l'UA, qui avait tracé une nouvelle vision de développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s'appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable. Elle doit inclure le marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la communauté d'Afrique de l'Est (CAE), la communauté de développement d'Afrique australe (SADC), la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la communauté des Etats sahélo-sahariens. D'ici 2063, les pays africains ambitionnent d'être parmi les plus performants, en termes de mesures de la qualité de vie dans le monde grâce à des stratégies de croissance inclusive, la création d'emplois, l'augmentation de la production agricole, des investissements dans la science, la technologie, la recherche et l'innovation, ainsi que la fourniture de services de base. Lors de sa dernière visite en Algérie, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait indiqué avoir réitéré avec ses hôtes algériens la nécessité de tout faire pour assurer le succès du sommet extraordinaire de Kigali. Il s'était réjoui, par ailleurs, des avancées importantes enregistrées dans la réalisation de projets d'infrastructures régionales dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), notamment la route transsaharienne Alger-Lagos et la liaison par fibre optique entre l'Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, de même que le gazoduc transsaharien entre l'Algérie, le Niger et le Nigeria, incluant des bretelles vers d'autres pays de la sous-région. Le président de la Commission de l'UA avait, par la même occasion, exprimé l'appréciation de l'UA à l'Algérie pour son engagement en faveur de ces projets visant à créer un corridor de développement, par le désenclavement de la sous-région et la promotion du commerce.
Ouyahia loue les efforts de l'Algérie dans l'unité et l'intégration de l'Afrique Le Premier ministre, a affirmé mercredi depuis la capitale rwandaise, Kigali, où il représente le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA), que l'Algérie "a toujours été un pionnier et un bâtisseur actif de l'unité et de l'intégration du continent africain". Depuis sa lutte de libération nationale, "l'Algérie a toujours été présente, militante et engagée dans toutes les entreprises destinées à construire l'unité africaine. De l'historique conférence panafricaine de Casablanca, aux assises constitutives de l'Union africaine à Durban, l'Algérie a été un pionnier et un bâtisseur actif de l'unité et de l'intégration de notre continent", a souligné M. Ouyahia dans une allocution prononcée en séance à huis-clos lors de ce sommet extraordinaire qui a été consacré au lancement officiel de la Zone de libre échange continentale (ZLEC). "C'est avec cette même foi dans le destin commun des peuples africains que l'Algérie aborde la ZLEC qui aura, sans doute, plusieurs retombées positives", a relevé le Premier ministre, ajoutant que cette nouvelle réalisation "consolidera, à travers le continent, l'efficacité du développement, pierre angulaire de la paix et de sécurité, et confortera aussi la place et le poids de l'Afrique dans les négociations sur le commerce international, un domaine dont les règles ne tiennent pas toujours compte des intérêts et des droits des Africains". La ZLEC ainsi que les protocoles relatifs à la libre circulation des personnes et au marché unique du transport aérien en Afrique, seront également, selon M. Ouyahia, "des avancées marquantes vers la consécration de la Communauté économique africaine, décidée à Abuja en 1991". "Notre foi dans l'unité et l'intégration de notre continent ainsi que notre grand respect pour notre famille africaine nous font devoir de relever ici quelques contraintes nationales et régionales au milieu desquelles l'Algérie aborde les grandes réalisations panafricaines auxquelles notre Organisation s'apprête à donner naissance", a-t-il soutenu. Il a faut observer qu'au niveau national, "notre processus de développement, mis en route depuis près de deux décennies par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans la paix et la réconciliation restaurées, et qui a donné des résultats remarquables, se voit contrarié depuis 2014 par une brutale chute des prix des hydrocarbures", a jouté M. Ouyahia, relevant que la balance des paiements extérieurs de l'Algérie "fait face à un important déficit récurrent depuis trois années". Ouyahia a rappelé, dans ce contexte, "les mesures transitoires de sauvegarde, à portée universelle, mises en place par l'Algérie et visant à réduire le déficit de sa balance commerciale et de sa balance des paiements extérieurs, poursuivre son développement économique et social et à préserver son indépendance financière". Au niveau régional, le Premier ministre a évoqué l'émergence du terrorisme, du crime transnational et de la migration clandestine qui, a-t-il relevé, "constituent autant d'entraves à la libre circulation des personnes". Face à cette situation, "l'Algérie ne ménage pas ses efforts et ne compte pas ses moyens pour apporter directement à ses voisins sahéliens son concours multiforme à la restauration de la paix et de la sécurité dans cette région", a-t-il insisté, assurant, en outre, que l'Algérie "continuera de se prémunir de l'émigration clandestine illégale en la traitant toujours avec humanisme et en concertation avec les pays d'origine". Pour le Premier ministre, les contraintes régionales et nationales évoquées "n'atténuent en rien l'enthousiasme de mon pays à être un signataire original des documents relatifs à la Zone de libre échange continentale et à la libération de l'accès au marché de transport aérien en Afrique". L'Algérie, tient-il à rassurer, "se joint à ses nouvelles réalisations, partant de son engagement panafricaniste consigné dans sa propre Constitution et adhère à ces avancées, convaincue que celles-ci auront, à moyen terme, des retombées bénéfiques pour sa propre économie en phase de consolidation et de diversification prometteuses, grâce aux multiples atouts dont dispose mon pays, qui sera demain un acteur significatif des échanges interafricains".