Le directeur adjoint du Centre africain d'études et des recherches stratégiques sur le terrorisme (CAERT), Idriss Lallali, a plaidé, lundi à Alger, pour l'intensification de la coopération et de la coordination internationale pour contourner le phénomène du terrorisme. "La nature internationale, transnationale, transrégionale et transfrontalière de la menace terroriste nous oblige à intensifier la coopération et la coordination internationale car aucun pays n'est capable de mener, seul, la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent", a déclaré M. Lallali à l'ouverture à Alger des travaux de la réunion sur "la lutte contre le financement du terrorisme". Il a souligné, en outre, que malgré les progrès remarquables réalisés en matière de lutte contre le terrorisme au cours des deux dernières décennies, tant au niveau continental qu'international, "la menace terroriste continue de progresser de façon exponentielle. Les dernières attaques ayant touché nombre de nos pays africains nous rappellent cette triste réalité". En effet, a-t-il noté, "ces groupes terroristes ne se contentent pas d'occuper les territoires, de les administrer et de soumettre les citoyens à leur lois barbares, mais ils ont également démontré leur grande capacité de nuisance et de déstabilisation des pays et je dirais même de régions entières". Et de poursuivre: "Nous connaissons une montée du terrorisme sans cesse croissante et une expansion géographique grandissante de ce phénomène sur le continent africain". "Des régions, jadis considérées comme invulnérables face au terrorisme, ont été bel et bien ciblées. Cette tendance est susceptible de continuer dans les prochaines années au moment ou nous essayons de mettre un terme à la menace terroriste qui sévit en Afrique", a-t-il enchaîné. "Le problème des combattants terroristes étrangers, le lien étroit qui existe entre le terrorisme et l'extrémisme violent d'une part, et entre le crime transnational organisé, -notamment le trafic de drogue et d'être humains, le blanchiment d'argent, le trafic d'argent, le trafic d'armes à feu et le mercenariat d'autre part-, ont rendu la situation beaucoup plus complexe, menaçant ainsi sérieusement la paix, la sécurité, la stabilité et le développement", a-t-il soutenu. Adapter les méthodes et techniques afin de poursuivre les terroristes La réunion d'Alger, sera l'occasion, a-t-il encore indiqué, de rappeler que le trafic de drogue, l'enlèvement contre la rançon, l'exploitation illégale des ressources naturelles, l'extorsion, la piraterie maritime, la cybercriminalité, la contrefaçon et l'occupation de territoires, fournissent des ressources financières non négligeables aux terroristes, renforçant ainsi leur capacité à acquérir des armes sophistiquées, à recruter de nouveaux membres, à étendre leur réseau d'appui et à élargir leur champ d'opérations". Pour l'intervenant, "les terroristes ont adapté leurs tactiques et leur mode opératoire à l'environnement sécuritaire et aux mesures mises en place". "La capacité d'adaptation et de flexibilité des terroristes leur permet d'agir en groupes et sous-groupes semi indépendants et financièrement autonomes. Cette situation nous oblige à adapter nos méthodes, nos compétences et nos techniques afin de poursuivre ces terroristes insaisissables", a-t-il soutenu. Les travaux de la réunion de haut niveau sur "la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique" se sont ouverts, lundi, à Alger, avec la participation des représentants des Etats africains, d'organisations et d'experts internationaux. Cette rencontre, dont l'ouverture des travaux a été co-présidée par le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et le directeur adjoint du CAERT, Idris Lallali, regroupe les délégués des pays membres de l'Union africaine (UA), de l'Organisation des Nations unies (ONU), de l'Union européenne (UE) et d'autres organisations internationales et régionales activant dans la lutte contre le terrorisme et son financement. Co-organisée par l'Algérie et l'UA, la rencontre de deux jours voit la présence également des représentants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU et du Canada. Au cours de la réunion, dont les travaux se poursuivent à huis clos, les participants vont examiner trois volets : (la situation du financement du terrorisme en Afrique, les bonnes pratiques, cadres juridiques et politiques pour la lutte contre le financement du terrorisme: Perspectives régionales et mondiales). Vient en troisième lieu, les méthodes et techniques de financement du terrorisme. Ce chapitre se concentrera sur les systèmes alternatifs de transfert de fonds, les virements électroniques, les organisations à but non lucratif et les organismes de bienfaisance et les moyens modernes de transfert d'argent et de crypto-monnaies entre autres, intervenant dans le financement du terrorisme. La réunion s'inscrit dans le cadre des efforts de l'Algérie pour lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel et l'épuisement de ses ressources, d'une part, et dans le but de renforcer la coordination et la concertation entre les pays africains autour des questions sécuritaires, à l'instar de la lutte contre le terrorisme, la dé-radicalisation, le trafic d'êtres humains, de drogue et de la contrebande, d'autre part.