Des appels à éviter une escalade en Syrie se sont succédés vendredi en parallèle à une réunion de concertation prévue du Conseil de sécurité de l'ONU, suite à la menace du président américain de lancer une attaque au missile contre la Syrie après des informations sur une attaque chimique présumée dans l'enclave de Douma, près de Damas. La Belgique et l'Allemagne ont ainsi appelé à éviter "une escalade militaire" en Syrie, sur fond de tension entre la Russie et les puissances occidentales, en particulier les Etats-Unis qui menacent de frappes aériennes en Syrie suite à des informations sur une attaque chimique présumée contre Douma, qui aurait fait de nombreux morts. Cités par l'agence Belga, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, et son homologue allemand, Heiko Maas, ont insisté sur l'importance de trouver une solution politique au conflit syrien et d'éviter une escalade. Sur l'éventualité de frappes contre le territoire syrien, M. Reynders s'est montré particulièrement prudent. "Nous devons attendre. Nous devons certainement éviter une escalade militaire. Une solution politique est nécessaire", a-t-il affirmé, tout en appelant à "revenir à la table des discussions et parler d'une solution". De son côté, le chef de la diplomatie allemande a souligné que l'usage d'armes chimiques ne peut laisser la communauté internationale indifférente. "Cela ne peut rester sans conséquence", a-t-il mis en garde, disant en même temps vouloir absolument éviter une "escalade militaire". Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel a exclu jeudi la participation de son pays à une éventuelle frappe militaire contre la Syrie. "L'Allemagne ne participera pas à une éventuelle - et je dois souligner qu'aucune décision n'a été prise jusqu'à présent - intervention militaire", a-t-elle déclaré à la presse, soulignant toutefois que l'utilisation d'armes chimiques était toujours "inacceptable". Berlin a indiqué que l'Allemagne voudrait s'efforcer dans la direction vers des moyens non violents d'empêcher l'utilisation d'autres armes chimiques en Syrie, par exemple en soutenant les activités du Conseil de sécurité de l'ONU pour l'interdiction des armes chimiques. Par ailleurs, et face aux remarquables avancées des forces gouvernementales syriennes sur le terrain et devant les différentes positions des acteurs de la crise en Syrie, le président américain Donald Trump a poursuivi jeudi soir les discussions avec ses alliés, après avoir annoncé à plusieurs reprises en début de semaine des frappes. Il a discuté avec la Première ministre britannique Theresa May et devait aussi s'entretenir avec son homologue français Emmanuel Macron, mais cette conversation n'a pas été confirmée. Londres reste prudent sur sa participation à d'éventuelles attaques militaires, préférant s'en remettre à la "coordination d'une réponse internationale" sur une question qui divise profondément l'opinion et la classe politique du Royaume-Uni. Mme May "a parlé à Donald Trump, elle parle à Emmanuel Macron: il est temps pour elle de parler au peuple britannique", a écrit le journal Evening Standard. Le président Macron a, lui, "souhaité que la concertation entre la France et la Russie se poursuive et s'intensifie pour ramener la paix et la stabilité" après un entretien téléphonique avec son homoloque russe Vladimir Poutine. Donald Trump n'avait pas encore pris de "décision finale" jeudi quant au déclenchement de frappes contre Damas, selon sa porte-parole, tandis que le président syrien Bachar el Assad a averti que "toute action ne contribuera qu'à déstabiliser davantage la région". Moscou met en garde Washington, le Conseil de sécurité en concertations A la veille d'une réunion vendredi après-midi du Conseil de sécurité qui a poursuivi jeudi ses concertations sur la Syrie, l'ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Vassili Nebenzia, dont le pays soutient les forces du gouvernement syrien dans le combat contre les groupes terroristes, a mis en garde les Etats-Unis contre toute intervention militaire en Syrie. "Nous espérons qu'il n'y aura pas de point de non-retour (franchi), que les Etats-Unis et leurs alliés s'abstiendront de toute intervention militaire contre un Etat souverain", a indiqué M. Nebenzia aux journalistes jeudi. "Nous sommes très préoccupés par cette situation, par cette escalade dangereuse", a-t-il ajouté. Les membres du Conseil de sécurité mènent des consultations à huis clos sur ce sujet, à la demande de la Bolivie. "La priorité immédiate du Conseil de sécurité est d'éviter le risque de guerre", a dit M. Nebenzia, qui interrogé pour savoir s'il y aurait une guerre entre les Etats-Unis et la Russie en cas de frappe militaire américaine contre la Syrie, a déclaré : "nous ne pouvons exclure aucune éventualité, malheureusement, car nous avons vu les messages qui viennent de Washington - ils sont très belliqueux. Ils savent que nous y sommes (en Syrie)". "Je souhaiterais qu'il y ait un dialogue par les canaux appropriés pour éviter un développement dangereux", a ajouté le diplomate russe, mettant en garde que "toute action militaire des Etats-Unis contre la Syrie serait une violation du droit international". Une proposition suédoise d'une résolution pour une mission de désarmement chimique en Syrie n'a pas été abordée au cours de la réunion. Selon des sources diplomatiques, cette proposition est notamment rejetée par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas car elle n'impose pas la création d'un mécanisme d'enquête sur les Attaques chimiques présumées samedi à Douma. Le sujet de la réunion jeudi, c'était "la politique agressive de certains membres du Conseil", a déclaré M. Nebenzia. "Les menaces sont une violation de la Charte des Nations unies", a-t-il ajouté, estimant qu'une intervention militaire occidentale serait "très dangereuse car nos militaires sont là-bas". La Russie a appelé à l'ouverture d'une réunion publique du Conseil de sécurité sur la Syrie vendredi avec la participation du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a indiqué M. Nebenzia. 1. Guterres avait exhorté mercredi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France - "à éviter une situation hors contrôle" en Syrie, en déplorant l'"impasse actuelle" et "l'incapacité" des membres du Conseil de sécurité à "obtenir un accord" pour mettre un terme aux tensions entre notamment l'Occident et la Russie.