Depuis les allégations d'une présumée attaque aux "gaz toxiques" qui aurait fait des dizaines de morts samedi dans la ville de Douma, Washington et les capitales occidentales maintiennent la pression sur le gouvernement syrien, qui dément toute responsabilité. Lire aussi: Attaque chimique présumée en Syrie: Guterres appelle à une enquête "impartiale" Lundi, l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari a accusé les Etats-Unis, la France et d'autres pays occidentaux de professer de fausses accusations contre Damas "de façon à ouvrir la voie à une attaque en Syrie comme l'agression criminelle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne en Irak en 2003". L'escalade en Syrie pourrait "avoir des conséquences absolument dévastatrices qu'il nous est difficile d'imaginer", a averti pour sa part l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan De Mistura, intervenant lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour discuter des allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Il a affirmé que c'est la première fois depuis sa nomination en juillet 2014 qu'il émette un tel vertissement. " Le Conseil de sécurité ne peut permettre une situation d'escalade incontrôlable en Syrie, sur quelque front que ce soit", a ajouté De Mistura, précisant que la protection des civils devait être "la première priorité dans ce pays déchiré par la guerre". L'émissaire Onusien a appelé au respect de la résolution 2401 du Conseil de sécurité, exigeant "l'arrêt immédiat des hostilités" et la mise en place de "conditions permettant l'acheminement de l'aide humanitaire et l'évacuation des blessés". Lire aussi: Armes chimiques en Syrie: désaccords sur le renouvellement du mandat de l'ONU La réunion du Conseil de sécurité s'est tenue lundi en plein escalade en Syrie, accentuée par les accusations sur l'emploi présumé d'armes chimiques à Douma dans la Ghouta Orientale. Au cours de cette réunion, le haut représentant adjoint aux affaires de désarmement, Thomas Markram, a précisé que les informations parvenues dimanche à l'ONU font état d'au moins 49 personnes tuées et de centaines de blessées lors de cette attaque présumée aux gaz toxiques. Markram a fait savoir que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) était en train de rassembler des informations sur cet incident par le biais de sa mission d'établissement des faits. De son côté, l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassily Nebenzia a appelé à "une enquête impartiale" qui devrait prendre en considération la présomption d'innocence de la Syrie. Vassily Nebenzia, qui a qualifié l'attaque présumée "de mise en scène", a indiqué que les forces russes étaient disposées à escorter les enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques jusqu'à la zone où a eu lieu l'incident présumé. Lundi, les Etats-Unis n'ont pas écarté une réponse militaire à l'attaque présumée dans le sillage des appels à une action internationale contre Damas. Le président Donald Trump a promis des "décisions majeures " dans les prochaines 24 à 48 heures, mais a indiqué qu'il allait discuter avec ses conseillers pour déterminer les parties responsables de l'attaque. Le Conseil de sécurité élabore une résolution sur l'utilisation d'armes chimiques Le Conseil de sécurité de l'ONU est en train d'étudier une résolution sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. "Au niveau des experts, nous avons convoqué nos collègues pour qu'ils continuent de travailler sur la possibilité d'une résolution en la matière", a indiqué lundi l'Ambassadeur péruvien auprès de l'ONU, Gustavo Meza-Cuadra, qui est président du Conseil de sécurité pour le mois d'avril, suite à des consultations à huis clos avec les membres du Conseil. Ils devaient discuter d'un projet de résolution américain sur un mécanisme d'enquête international concernant l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Les consultations de lundi et une réunion d'urgence ouverte tenue un peu plus tôt dans la journée sont intervenues suite à une nouvelle attaque chimique au cours du week-end à Douma, le dernier bastion contrôlé par les rebelles dans la Ghouta orientale, près de Damas. Lire aussi: Armes chimiques en Syrie: l'ONU veut que les utilisateurs soient tenus pour responsables Lors de la réunion d'urgence de lundi, plusieurs membres du Conseil de sécurité estimaient que le gouvernement syrien était responsable de l'attaque chimique de samedi à Douma, tandis que la Russie contestait en affirmant que tout l'incident n'était que de l'intox. Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié de "prétextes prémédités" la déclaration de rebelles concernant l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne dans le district de Douma. Selon le ministère, ces allégations ont été planifiées d'avance afin de prolonger la vie des "terroristes" à Douma et les rebelles utilisent ces arguments chaque fois que l'armée progresse sur le terrain.