La comédienne Sonia, décédée dimanche à l'âge de 65 ans, a été inhumée lundi en début d'après-midi au cimetière Sidi Rezoug dans la banlieue d'Alger en présence d'une foule nombreuse. Dans une ambiance empreinte de sobriété et d'émotion, des comédiens et des compagnons de route de la défunte étaient nombreux à accompagner Sonia, de son vrai nom Sakina Mekkiou, à sa dernière demeure. Des figures du théâtre et du cinéma ainsi que le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, ont tenu à jeter un dernier regard sur la dépouille de la disparue et rendre hommage à la mémoire de la grande dame du théâtre algérien. Salah Ougroute, acteur et figure populaire du petit écran, regrette la perte d'une "grande dame du théâtre algérien" qui marqué également de son empreinte le cinéma. Hassan Kechache, acteur de cinéma associé dans le dernier long métrage "En attendant les hirondelles" de Karim Moussaoui, film dans lequel a joué Sonia, garde le souvenir d'une "comédienne talentueuse", "engagée" pour la culture et l'art. Sa disparition, a-t-il déploré, est une "perte pour le cinéma et le théâtre" algériens qu' "elle a continué à servir, même dans les moments les plus durs de son histoire" de l'Algérie. Pour sa part, le comédien et metteur en scène Ahmed Benaissa, regrette la perte d'une artiste qui a partagé la scène théâtrale avec de grands noms du 4e art algérien. L'ancien ministre de la Culture et de la Communication, Hamraoui Habib Chawki, lui, a salué la mémoire d' "une femme merveilleuse", artiste au "talent inégalable" qui, par sa présence sur les planches, a donné une grande "leçon de résistance au moment où le pays était en danger". L'actuel ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, avait lui regretté dans un message de condoléances, la perte d'une "artiste qui a voué sa vie à l'art et à la création au service de la culture", tout en saluant le "profond engagement" de Sonia pour la culture et les droits de la femme. Native de Skikda en 1953, Sonia a fait ses premiers dans le théâtre à l'âge de 17 ans, après une formation à l'Institut national des arts dramatiques et chorégraphique (Inadc), devenu en 1970 Institut supérieur des métiers des arts de la scène (Ismas) dont elle est diplômée en 1973. En quarante ans de carrière au service du théâtre, elle lègue un répertoire riche de plus de cinquante pièces dont "Galou Lâareb Galou" et "Fatma". Fondatrice de la compagnie théâtrale "Masrah El Kalâa" (Le théâtre de citadelle), Sonia a continué d'occuper la scène durant la décennie 1990, en bravant le terrorisme et la mort qui avaient emporté des figures emblématiques du théâtre algérien, assassinés par les adversaires de la culture. Durant ses années, Sonia avait produit des pièces comme "Hadhrya Wel Hawess" et "Sarkha" (Cri). Son dernier travail sur les planches remonte à 2015 avec la pièce "Hadda". Sonia avait également assuré la direction de l'Ismas ainsi que celle des théâtres régionaux de Annaba et de Skikda. La comédienne avait pris sa retraite à la fin de 2015 pour se consacrer à l'écriture mais aussi au cinéma où elle fera sa dernière apparition dans le film "En attendant les hirondelles" (2017) de Karim Moussaoui.