OUZOU - Les allées couvertes d'Ath Rhouna, un des rares sites funéraires mégalithiques (Méga : grand, lithique : pierre) au monde, situé dans le village d'Ath Rhouna dans la commune côtière d'Azeffoun (60 Km au nord de Tizi-Ouzou), mériteraient une opération de restauration et de préservation au regard de l'importance patrimoniale du site. Appelés aussi allées dallées ou encore tombes géantes, ces monuments préhistoriques (le mégalithique ayant marqué le passage du paléolithique au néolithique) qu'on découvre partiellement dissimulés par la végétation à une dizaine de kilomètres de la ville d'Azeffoune, sont des tombes collectives. Elle sont composées de deux parties dont une supérieure, une sorte de chambre en forme de couloir construit avec de gros blocs de grés taillés, et recouvert de grandes dalles dont certaines dépassent 3 mètres de longueur d'où l'appellation allées couvertes donnée par l'archéologue Gabriel Camps qui les a découvertes en 1953. Cette chambre d'une hauteur de 2 à trois mètres servait aux rituels funéraires et aux offrandes pour les morts. Il y avait aussi du mobilier funéraire dont des poteries. Une partie des objets découverts dans ces tombes sont actuellement au niveau du musée du Bardo, a-t-on appris auprès de la direction de la Culture, mais une grande partie y compris des ossements ont été emportés par des archéologues étrangers, regrettent les habitants du village. Des vieux d'Ath Rhouna se souviennent que, lors des fouilles, les archéologues étrangers avaient fait appel à la main d'oeuvre des villageois. "Nous creusions jusqu'à une certains profondeur, puis ils nous demandaient de partir et de ne revenir que le lendemain, plus tard nous avions compris que c'était pour s'emparer des objets et ossements découverts et dont nous ignorions jusqu'à l'existence", se rappelle Ali, un octogénaire. La sensibilisation à la préservation en attendant la restauration Eparpillées sur un monticule au milieu d'une végétation composée essentiellement d'arbustes et de rares oléastres et frênes, les allées couvertes d'Ath Rhouna, classées au patrimoine national, sont relativement protégées par Dame nature qui les cache aux éventuels visiteurs et par les associations et comité de village d'Ath Rhouna qui, jusque là, ont réussi à les préserver en interdisant toute utilisation des pierres provenant du site pour la construction. L'ouverture d'une carrière qui est restée en activité de 1990 à 2007 à proximité d'Ath Rhouna pour les besoins de construction des ports d'Azeffoun et de Tigzirt, a sérieusement endommagé l'allée couverte. Les fortes explosions n'ont pas été sans conséquences sur le site archéologique. Sept tombes ont été déstabilisées selon des témoignages recueillis et les constatations faites sur place. Les villageois et l'association Ivahriyen avaient alors saisi la direction de la Culture et d'autres services pour la fermeture de la carrière. Lire aussi: Mihoubi: l'Etat mobilisé pour la protection et l'entretien des sites archéologiques La direction de la Culture finira par avoir gain de cause en obtenant la fermeture de cette carrière, a indiqué Mme Lounaci. Toutefois, les membres de l'association Ivahriyen qui lutte pour la protection du site, s'inquiètent en montrant de nouvelles constructions. "Le risque de dégradation pèse toujours sur ce patrimoine qui mérite de faire l'objet d'études pour éclairer cette page de notre histoire et de l'Histoire de l'Humanité", ont-ils préconisé. En effet, un amas de pierres taillées, qui rappellent curieusement celles aperçues à proximité des allées dallées, jouxte une battisse en cours de construction La visite de ces tombes s'est terminée par la lecture par une collégienne d'un exposé sur le site, sa valeur archéologique et touristique et la nécessité de sa préservation. Invités à poser des questions sur ce patrimoine, des collégiens se sont demandés comment faire pour protéger ce patrimoine. Ce à quoi Mme Taouintaselt a répondu que la sensibilisation à la préservation de ce site est une forme de protection ... en attendant sa restauration.