Les accords commerciaux passés entre l'Union européenne (UE) et le Maroc tendent à renforcer l'emprise économique illégale de la puissance occupante, le Maroc, sur le Sahara occidental, ont déploré mardi à Bruxelles les participants à la conférence sur le thème "Droits humains au Sahara occidental: quel rôle pour l'UE?". "Le développement économique au Sahara occidental est un développement en trompe l'oeil parce que les Sahraouis sont marginalisés. Ce développement profite aux colons marocains", a affirmé Boris Fronteddu, du comité belge de soutien au peuple sahraoui. Selon Fronteddu, les plans de développement du Sahara occidental élaborés par l'occupant marocain servent à "asseoir son pouvoir politique et de colonisation". De son côté, Hugo Périlleux Sanchez, géographe et chercheur à l'Université libre de Bruxelles (ULB) a estimé que l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental permet au Maroc de "maintenir l'occupation". Il a expliqué, à ce titre, que la politique marocaine de développement au Sahara occidental vise à attirer les colons marocains dans les territoires occupés, énumérant les nombreux avantages accordés aux Marocains pour les inciter à s'installer au Sahara occidental. "C'est une économie d'exploitation au service de l'occupant", a-t-il affirmé, rappelant que le peuple sahraoui subit quotidiennement des violations graves de ses libertés fondamentales et du droit international humanitaire. Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati a regretté, pour sa part, que l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental soit "passée sous silence" pendant longtemps. Néanmoins, il s'est félicité des dernières décisions de la Cour européenne de justice (CJUE) qui sont, a-t-il dit, "d'une importance capitale". Pour Mohamed Sidati, "des avancées ont été enregistrées" ces deux dernières années. Fin février, la Cour européenne de justice (CJUE) a conclu que l'accord de pêche UE-Maroc n'est pas applicable au Sahara occidental et à ses eaux adjacentes. Selon la CJUE, l'inclusion du territoire du Sahara occidental dans le champ d'application de l'accord de pêche enfreindrait plusieurs règles de droit international général applicables dans les relations entre l'Union et le Royaume du Maroc, notamment le principe d'autodétermination. En plus de l'arrêt du 27 février, la CJUE a rendu le 21 décembre 2016 une décision selon laquelle les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental, soulignant le statut "séparé" et "distinct" de ce territoire, classé depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU. Le président du comité belge de soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand a dénoncé les tergiversations de la Commission européenne visant à contourner l'arrêt de la CJUE et son intention d'autoriser une entrée en vigueur provisoire de l'accord de pêche UE-Maroc révisé avant son adoption par le Parlement européen. "Il faut faire sortir la question du Sahara occidental du silence complice dans lequel elle se trouve", a-t-il encore plaidé. Pour sa part, Jean Paul Le Marec du Mouvement français contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a dénoncé le "huis-clos total" imposé aux territoires occupés du Sahara occidental par les autorités marocaines. "Depuis trois ans, pas une seule délégation n'a pu accéder aux territoires occupés du Sahara occidental. Pas même les parlementaires européens mandatés pour aller sur place", a-t-il regretté, rappelant que même les avocates françaises des prisonniers sahraouis "ont été expulsées du Maroc".