Une réunion spéciale de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) est prévue ce mardi et mercredi à La Haye, à la demande de Londres, lors de laquelle un rapport sur l'attaque présumée au sarin et au chlore du 7 avril à Douma en Syrie sera dévoilé, selon des sources diplomatiques. La décision de donner aux experts de l'OIAC le pouvoir de nommer les responsables de toute utilisation future d'armes chimiques devrait notamment figurer à l'ordre du jour de la réunion, selon les mêmes sources. Les inspecteurs de l'Organisation doivent de manière imminente dévoiler, lors de la session spéciale du plus haut organe politique de l'organisation, un rapport attendu de longue date sur l'attaque présumée au sarin et au chlore du 7 avril à Douma, près de Damas. Pour être approuvé, le projet britannique devra obtenir une majorité des deux-tiers des votants. Soutenue par 11 alliés, la Grande-Bretagne va, lors de la réunion qui s'ouvre mardi, proposer que l'OIAC "commence à attribuer la responsabilité des attaques d'armes chimiques en Syrie" comme l'a dit M. Johnson dans un tweet le 13 juin. "Avec son expertise technique avérée en matière d'armes chimiques, l'OIAC est le bon organe pour étudier qui est derrière une attaque", a-t-il ajouté. Une source diplomatique française a de son côté déclaré sous le couvert de l'anonymat que "le mandat et les moyens de l'OIAC doivent être adaptés aux défis du 21e siècle". "Ils ont été conçus dans un contexte entièrement différent, pour vérifier de façon indépendante la bonne destruction par les grandes puissances de la Guerre froide de leurs stocks d'armes chimiques", a fait valoir cette source. Au Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie avait exercé l'an dernier son droit de veto pour mettre fin au mandat de la mission d'enquête commune ONU-OIAC, le Joint Investigative Mechanism (JIM), en Syrie. Avant de disparaître en décembre, le JIM avait déterminé que le gouvernement syrien avait utilisé du chlore ou du gaz sarin au moins quatre fois contre sa propre population et que le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) avait utilisé du gaz moutarde en 2015. Techniquement, l'OIAC est capable d'identifier les responsables d'une attaque à l'arme chimique, a indiqué son directeur Ahmet Uzumcu, mettant la communauté internationale en garde contre l'inaction: "Une culture de l'impunité ne peut pas se développer autour de l'utilisation d'armes chimiques". Le sujet des armes chimiques est longtemps resté tabou depuis leur apparition sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Mais le recours récent aux gaz toxiques dans les conflits irakiens et syriens, et aux agents neurotoxiques à Salisbury et à Kuala Lumpur contre le demi-frère du leader nord-coréen Kim Jong Un, suscite une inquiétude croissante dans le monde entier.