Les présidents américain Donald Trump et français Emmanuel Macron ont assuré avoir la «preuve» de l'utilisation d'armes chimiques, justifiant les raids menés sur trois sites liés au programme d'armement chimique syrien. Une équipe internationale d'experts a débuté hier, son enquête sur le site l'attaque chimique présumée en Syrie qui a provoqué des frappes américaines, françaises et britanniques d'une ampleur inédite contre le régime de Bachar al-Assad. La mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oiac), basée à La Haye, est arrivée à Damas samedi, en pleine poussée de tension entre les Occidentaux et le régime syrien allié à la Russie. «Il est prévu qu'elle se dirige aujourd'hui (dimanche) à Douma pour entamer son travail», a annoncé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Ayman Soussane. La ville de Douma, où se serait produit l'attaque aux gaz toxiques du 7 avril, est située dans la Ghouta orientale, une région aux portes de la capitale syrienne, désormais «nettoyée» de tous ses rebelles, a annoncé l'armée syrienne samedi.»Nous laisserons l'équipe faire son travail de manière professionnelle, objective, impartiale et loin de toute pression Les résultats de l'enquête infirmeront les allégations mensongères» contre Damas, a assuré le vice-ministre syrien. Washington, Paris et Londres ont effectué des frappes ciblées samedi à l'aube contre des installations du régime en représailles à l'attaque chimique présumée à Douma. Le régime de Bachar al-Assad, soutenu par son indéfectible allié russe, a démenti toute implication dans l'attaque, dénonçant des «fabrications» rebelles. Le 7 avril, les secouristes en zones rebelles, les Casques blancs, avaient alerté sur une attaque chimique ayant fait, selon eux, au moins 40 morts et plusieurs centaines de blessés. Les victimes présentaient des symptômes tels que des difficultés respiratoires, des brûlures de la cornée, de la mousse dans la bouche, ont-il souligné. Le travail s'annonce compliqué pour les enquêteurs qui arrivent sur place plus d'une semaine après les faits, dans une zone passée depuis sous contrôle des troupes syriennes et de la police militaire russe. Les derniers combattants rebelles de Douma, ainsi que des civils, ont été évacués samedi vers des zones du nord de la Syrie, dans le cadre d'un accord de reddition signé avec le régime le 9 avril, deux jours après l'attaque chimique présumée. Soumise à un siège asphyxiant pendant 5 ans et à des bombardements très violents du régime depuis le 18 février, la ville est ravagée. En 2014, l'Oiac avait affirmé que la Syrie s'était débarrassée de son stock d'armes chimiques en vertu d'un accord international, mais une mission conjointe avec l'ONU a estimé que Damas «a utilisé du gaz sarin» en 2017 contre le village de Khan Cheikhoun (nord-ouest), en zone rebelle. Les présidents américain Donald Trump et français Emmanuel Macron ont assuré avoir la «preuve» de l'utilisation d'armes chimiques, justifiant les raids menés sur trois sites liés au programme d'armement chimique syrien -dans le nord de Damas et dans la province centrale de Homs- sans faire de victimes. Une responsable de l'administration américaine a précisé samedi, sous couvert de l'anonymat, que les Etats-Unis avaient des informations «plus claires» sur une utilisation de chlore à Douma mais aussi «des informations significatives qui font état également d'un usage de sarin», un gaz neurotoxique puissant. Ces frappes ont suscité l'indignation de la Russie et de l'Iran, alliés de Damas. Les Russes ont condamné «un acte d'agression à l'encontre d'un Etat souverain», mais échoué à obtenir une condamnation du Conseil de sécurité de l'ONU. Aucune autre frappe n'est prévue mais le Pentagone a fait savoir que les Etats-Unis étaient «prêts à dégainer» en cas de nouvelle attaque chimique. Après cet épisode aussi spectaculaire que bref, la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni entendent désormais relancer la diplomatie.