Le directeur d'étude au ministère de l'intérieur, chargé du dossier de migration, Hassan Kacimi, a mis en avant mercredi les efforts fournis par l'Algérie en faveur des migrants sur son territoire notamment en matière d'aide humanitaire, dénonçant avec fermeté un rapport relayé par des médias étrangers au sujet de migrants qui auraient été abandonnés dans le désert algérien. Lors d'une conférence de presse organisée dans le centre d'accueil de Zeralda, en présence de plusieurs responsables des collectivités et Suretés locales ainsi que des représentants d'organisations internationales, M. Kacimi a souligné que l'Algérie met des moyens très importants pour venir en aide aux migrants, précisant que le budget dépensé à cet effet avoisine les 12 millions de dollars sur les quatre années écoulées. "L'Algérie a dépensé plus de 12 millions de dollars ces quatre dernières années au profit des migrants et nous allons également débloquer prochainement un autre montant", a annoncé M. Kacimi à la presse. Il a dans ce contexte, fait savoir, l'Algérie avait conduit des opérations humanitaires, notamment, en Mauritanie, à la frontière du Mali, pour y transférer des aides impliquant une quantité importante de vivres, de médicaments, de groupes électrogènes, et des tentes pour l'équivalent d'une population de 56.000 réfugiés. "Nous avons lancé des opérations humanitaires quand il y a eu la fièvre typhoïde, nous sommes descendus à Tinzaouatine nous avons installé un hôpital mobile , nous avons réquisitionné un centre de formation professionnelle et l'avons ouvert", a-t-il dit. M. Kacimi a, à cette occasion, démenti le rapport fallacieux relayés par des médias étrangers et qui fait état de 13.000 migrants abandonnés dans le désert algérien. "Ce n'est pas nous qui avons abandonné ces migrants, mais il faut savoir que ces derniers traversent 500 km dans le désert avant d'arriver en Algérie. Ils subissent des préjudices physiques durant leur traversée", a-t-il expliqué. Le responsable a regretté que certaines ONG font des ultimatums et nous adressent des avertissements, soulignant que l'Algérie est un partenaire à part entier, "nous n'accepterons pas qu'on nous manque de respect en nous imposant des ultimatums". "Les ONG qui nous reprochent d'abandonner des migrants en plein désert, ce n'est pas nous qui les avons abandonnés et si ces dernières veulent sauver des vies n'ont qu'à mettre les moyens sur le terrain notamment en vivres et transport et participer avec nous dans cette condition on va se partager les charges", a-t-il renchéri. Il s'est interrogé pourquoi l'information de cette campagne a été diffusée maintenant et pourquoi la publication de cet article brûlot, en pointant du doigt l'existance d'agendas importants sur les plans régional et international liés à la question migratoire. "S'ils veulent nous imposer des plateformes extraterritoriales migratoires cela ne va pas passer, car installer dans certains pays en Afrique des centres d'accueil c'est comme la foire aux esclaves: on prend les meilleurs et les autres on les abandonne et ça c'est inacceptable", a-t-il dénoncé. A ce propos, il a tenu à rappeler que 50 000 migrants ont été secourus par l'Algérie, précisant que les autorités algériennes ont sauvé 32.000 nigériens que "nous avons sauvés d'une mort certaine, nourris et hébergés avant de les avoir transportés jusqu'à Agades avec nos propres moyens en faisant l'équivalent de 3.000 km de route puis nous les avons remis aux autorités nigériennes et ce sans que les ONG n'en fassent mention", a fait remarqué le directeur d'étude au ministère de l'Intérieur. Résoudre les crises et les conflits par des moyens pacifiques Evoquant les facteurs derrière le phénomène de la migration, le conférencier a relevé que les situations de crise dans les pays du Sahel, n'ont pas reçu de solutions adéquates notamment au niveau socio-économique, ajoutant que près de 18 millions de personnes au Sahel et dans certains pays d'Afrique occidentale sont touchées par la famine et vivent dans la détresse. "Les migrants sont en détresse dans leurs pays, car les Etats ne répondent pas aux besoins fondamentaux de ces populations", a-t-il déploré. Dans la région du lac du Tchad, cet espace d'eau et en train de s'assécher menaçant de famine environ 20 millions de personnes et leur moyens de subsistance risquent être mis à mal, a-t-il ajouté. "C'est pour cela que nous voulons des solutions radicales pour faire face à cette situation et résoudre les crises et les conflits par des moyens pacifiques", a-t-il préconisé. Il a, à cet effet, appelé au règlement du problème de la Libye, en mettant en exergue le besoin de mettre en place une forme de codéveloppement Union européenne-Afrique sous l'égide de l'Union africaine (UA). " C'est dans ces conditions qu'on rendra le Sahel et les pays pourvoyeurs de grosses migrations en territoires attractifs et stabiliser ainsi leurs populations", a-t-il conclu. Cette conférence organisée par le ministère de l'Intérieur, s'est tenue en présence du Représentant du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) en Algérie, Hamdi Boukhari, le représentant de l'Organisation internationale de migration en Algérie (OIM), Pascal Reyntjens, ainsi que la présidente du Croissant rouge algérien, Saida Benhabiles.