"Les informations données par une agence de presse américaine servent à justifier l'installation, sur notre sol, de plateformes migratoires", accuse le directeur de la migration au ministère de l'Intérieur. "La migration est un phénomène mondial. Si les Européens mutualisent leurs moyens, l'Algérie fait face, seule, à un phénomène plus important." Face aux attaques médiatiques qu'elle subit pour la gestion du phénomène migratoire, l'Algérie a réagi. La réponse est pour le moins musclée. Selon Hacène Kacimi, directeur de la migration au ministère de l'Intérieur, les informations fournies par les médias occidentaux sur l'abandon de migrants dans le désert sont "sans fondement". "Nous sommes face à des informations choquantes, aussi troublantes qu'irréelles", a indiqué le responsable du ministère de l'Intérieur lors d'une conférence de presse animée, hier après-midi, au centre des loisirs de la jeunesse de Zéralda, avant que les représentants en Algérie du HCR, Haut-Commissariat aux réfugiés, et le l'OIM, Organisation internationale de la migration, ne visitent ce centre d'accueil pour des migrants subsahariens. Pour répondre à ces attaques, Hacène Kacimi a tenu à donner la version des autorités algériennes. Selon lui, les informations données par une agence de presse américaine servent à "justifier l'installation, sur notre sol, de plateformes migratoires", ces centres de tri que veulent imposer les pays occidentaux aux pays africains. Mais, "nous refusons cela" et "l'Algérie est souveraine dans sa politique migratoire". Le représentant du gouvernement algérien va plus loin. Il accuse des puissances étrangères de "financer des milices armées libyennes" afin de fermer les frontières de la Libye de sorte à "orienter les flux migratoires vers notre territoire" qui reçoit une moyenne de 600 migrants par jour. Le but de ces actions est "de plonger notre pays dans le chaos comme cela a été le cas ailleurs", a encore fulminé le directeur de la migration. Pour donner une image de l'ampleur de ce phénomène migratoire, l'homme qui est chargé par les autorités algériennes de coordonner la gestion de ce phénomène "devenu mondial", a indiqué que rien que dans la région d'Agadès, travaillent près de 7 000 passeurs qui gagnent plus de 140 millions d'euros chaque année. Il ajoutera que plus de 500 000 migrants sont actuellement bloqués à la frontière libyenne et risquent de se diriger vers la frontière algérienne. Pour faire face au phénomène migratoire, l'Algérie a dégagé 12 millions de dollars et vient de débloquer 30 milliards de centimes pour traiter "l'aspect humanitaire" du problème. Car, "contrairement à ce qui est rapporté, ce n'est pas l'Algérie qui maltraite les migrants. Ces derniers sont maltraités dans leur propre pays qui n'arrivent pas à leur assurer les services de base", a accusé Kacimi. Ce dernier a indiqué que les autorités algériennes ont déjà pris en charge 56 000 migrants et reconduit 32 000 Nigériens chez eux. Elles ont "vacciné 6 000 Maliens" et d'autres migrants encore. Pour donner l'exemple du travail accompli par les autorités algériennes, nous avons été "conviés" à visiter le centre d'accueil de Zéralda. Y sont logés près de 400 migrants, entre enfants, femmes et certains hommes. Les médecins, infirmiers et bénévoles du Croissant-Rouge, de la Protection civile et de la DAS, Direction de l'action sociale, leur offrent soins, abri et nourriture. "Nous allons montrer à tout le monde que cela n'est pas une caserne", s'est emporté Hacène Kacimi. Voir galerie photos en cliquant ICI Ali Boukhlef