L'Association marocaine des droits de l'Homme (ADHM) a dénoncé dimanche des arrestations et des expulsions abusives de migrants au Maroc, évoquant des "opérations massives" qui ont eu lieu dans des camps installés aux abords de Tanger, de Nador et bien d'autres villes du Royaume. Selon un communiqué de cette ONG, repris par des médias marocains, environ 1600 migrants ont été déplacés de force par les autorités marocaines de Tanger et de Nador. "C'est vers la ville de Tiznit - à plus de 800 kilomètres de Tanger et par bus, en pleine canicule estivale, qu'ont été déplacés des centaines de migrants clandestins dans des conditions inhumaines " a dénoncé vigoureusement l'Association marocaine. "Ces migrants ont été délogées par force de leur domicile ou de camps installés aux abords de Tanger et Nador", a-t-elle précisé tout en indiquant que d'autres villes du Maroc, dont la capitale Rabat, sont concernées par ces expulsions de migrants africains. Affirmant détenir des photos et des témoignages accablants, l'ONG a évoqué quasiment des "attaques ciblant des campements et des domiciles" qui n'ont pas épargnés y compris des personnes déjà régularisées ou encore des étudiants en formation dans des établissements universitaires marocains, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne. Ce qu'a confirmé Aissatou Barry, une migrante régularisée et qui préside l'association "Les Ponts Solidaires", affirmant avoir "été expulsée manu militari de son domicile à Tanger par des policiers marocains". Cette militante du mouvement associatif a soutenu qu'elle a été "jetée sans sommation de l'appartement qu'elle louait", tout en précisant que son "cas est loin d'être isolé" et concernait des "centaines de migrants ayant subi ce traitement inhumain". Selon les acteurs associatifs marocains, cette vague d'arrestations serait une "réponse" du Maroc aux aides financières promises récemment par l'Union européenne au Royaume en vue d'assurer le contrôle des flux migratoires et qui serait de l'ordre de 60 millions d'euros. "Le Maroc répond à travers ces arrestations et déplacements de migrants à l'offre financière de l'Union européenne", a dénoncé un militant de l'Organisation marocaine, tout en ajoutant que "Rabat avait oublié qu'il s'était déjà engagé avec les pays africains pour assurer un traitement digne aux migrants". Pour l'ONG, "les autorités marocaines se sont trompé de cible". "Nous demandons depuis des années l'arrestation des grands trafiquants et à la place on arrête leurs victimes", a-t-elle critiqué.