Un site internet 1000autres.org, vient d'être créé par l'Association Maurice-Audin et histoirecoloniale.net pour "contribuer à faire connaître la vérité sur le sort des nombreuses victimes de disparitions forcées durant cette guerre". Ce site, lancé juste après la reconnaissance du président Emmanuel Macron de la responsabilité de l'Etat français dans la disparition et l'assassinat de Maurice Audin, est soutenu par l'Humanité, Mediapart, Politis, Témoignage chrétien et El Watan, et des associations Mrap, LDH, Acca, Sortir du colonialisme. Son objectif est de contribuer à faire connaître la vérité sur le sort des nombreuses victimes de disparitions forcées durant cette guerre, à rendre justice à ces personnes et à mieux faire connaître un pan d'histoire "trop longtemps occulté". Intitulé "Enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l'armée française, Alger 1957 - des Maurice Audin par milliers", il publie plus de mille notices individuelles sur des personnes enlevées et séquestrées à Alger en 1957, dont les proches ont cherché à avoir des nouvelles et dont certaines ne sont jamais réapparues. Selon l'historien Gilles Manceron, un des animateurs de ce site, "leur nombre ne manquera pas de s'accroître lorsque d'autres cas documentés seront signalés". Un appel à témoin a été également lancé "vers une mémoire familiale que nous savons encore vive". "Ce travail est nécessaire, car on a menti au peuple français en lui dissimulant ce qui se passait réellement en Algérie, on l'a trompé pendant des décennies avec un discours mensonger sur le +maintien de l'ordre+", a expliqué l'historien à l'APS. "Pour publier ces plus de mille notices individuelles sur des personnes qui ont été arrêtées en 1957 par l'armée française, dont les proches ont demandé aux autorités de connaître leur sort, dont beaucoup furent torturées et dont certaines ne reparurent jamais, ce site a utilisé une archive publique devenue accessible en 2017, conservée aux Archives nationales d'Outre-mer (ANOM) venant d'un service de la préfecture d'Alger', a-t-il précisé. Il comprend environ 850 "fiches de renseignement" d'un fichier du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), auxquelles ce site internet a ajouté plus d'une centaine d'autres cas venant d'autres sources, notamment le "Cahier vert", rassemblant des plaintes de familles recueillies par des avocats français, et un livre qui contient de nombreuses plaintes de personnes d'origine européenne favorables à l'indépendance de l'Algérie, souvent communistes ou chrétiennes, qui ont été elles-mêmes victimes et témoins de tortures dans l'un des principaux lieux de terreur à Alger, la villa Sésini, appelée à tort "villa Susini".