La vie des Audin bascule le 11 juin 1957, lorsque les parachutistes français font irruption dans le foyer de Maurice et Josette. Le film documentaire, Maurice Audin, la disparition, du réalisateur François Demerliac, a été projeté pour la première fois en Algérie, mardi dernier, à la cinémathèque d'Alger. Cette initiative entre dans le cadre de la commémoration du cinquante-quatrième anniversaire de la disparition de ce professeur de mathématique, communiste et grand militant pour l'indépendance de l'Algérie durant la guerre de LKibération. Réalisé en 2010 et d'une durée de soixante-dix minutes, ce film est un ensemble de témoignages de plusieurs acteurs de l'époque, notamment Josette Audin (qui n'est autre que l'épouse de Maurice Audin), Henri Alleg, journaliste et ancien directeur d'Alger républicain (enlevé et torturé par les parachutistes à la même période qu'Audin), et le comité Audin (une association) dont des avocats et des historiens qui se sont battus durant toutes ces années pour lever le voile sur cette affaire étouffée par l'administration coloniale pour cause d'“enlèvement, séquestration, torture et meurtre”. Par ailleurs, ce documentaire diffusé sur la chaîne française Public Sénat en juin 2010, fait découvrir pleins d'archives, des images de l'ancienne Alger la Blanche mais surtout des reconstitutions sur le déroulement de la fausse “évasion” d'Audin. La vie des Audin bascule le 11 juin 1957, lorsque les parachutistes français font irruption dans le foyer de Maurice et Josette. “S'il est raisonnable, il vous reviendra”, déclare Josette Audin dans le film. Le communiste est séquestré au centre de triage d'El-Biar, où Henri Alleg venait de sortir après quelques jours de tortures. “Mon mari a été dénoncé par un médecin communiste capturé par l'armée française. Tous les noms des militants ont été donnés ce jour-là”, a-t-elle ajouté. Très déterminée à retrouver son mari, Josette emploie tous les moyens pour retrouver Maurice Audin. Sans succès, Josette Audin, reste dans le noir total, jusqu'au 21 juin de la même année. “On me prévient que mon mari s'est évadé du véhicule militaire lors de son transfert”, dit-elle. Depuis le 4 juillet 1957, Josette Audin, en collaboration avec des avocats et des historiens essayent de prouver l'assassinat d'Audin par ces militaires. En 2001, douze personnes du comité ont déposé une plainte pour rapt, torture et meurtre mais comme “cette loi n'existait pas encore concernant la torture, le meurtre n'a pas été prouvé”. Dans son documentaire, François Demerliac met le point sur les moyens de torture qui se pratiquaient en Algérie et restent impunis jusqu'à alors mais aussi “il est considéré comme un sujet tabou, malgré le témoignage du colonel Massu”, peut-on découvrir dans le film. “Tous ces gens tués, restent sans matricule, sans aucune identité et ils sont des milliers à avoir subi ces atrocités. La torture ne concerne pas seulement Audin ou la guerre d'Algérie mais elle est toujours présente en Afghanistan et en Irak”, conclut Henri Alleg.