La mobilisation pour la reconnaissance officielle de l'assassinat du militant pour la cause algérienne Maurice Audin, enlevé, torturé puis assassiné par l'armée française le 11 juin 1957 dont le corps n'a jamais été retrouvé, se poursuit. A l'appel de l'Association Maurice-Audin, un rassemblement pour exiger cette rconnaissance a eu lieu dans la soirée d'avant-hier à la place baptisée en son nom en 2004 dans le 5e arrondissement de Paris. L'action qui a drainé plus d'une centaine de personnes sous une pluie battante s'est terminé par le dépôt de deux gerbes de fleurs portant la mention «Rappelez-vous Maurice Audin». Il y avait les membres de la famille du défunt, des proches, des historiens, des militants associatifs, des élus et des membres du Parti communiste français (PCF), venus tous pour réclamer la reconnaissance par l'Etat français de ce crime et de tous les autres crimes coloniaux. «Soixante et un ans après sa disparition, nous attendons une déclaration du président de la République reconnaissant non seulement la détention de Maurice Audin par l'armée mais aussi qu'il a été torturé et que son assassinat est bien un crime d'Etat», a-t-on exigé, estimant qu'«une telle déclaration permettrait de montrer que l'Etat libère désormais la parole, suscite des témoignages et ouvre la voie à de nouvelles investigations pour établir ce qu'a précisément subi Maurice Audin à compter du 11 juin 1957». C'est particulièrement le Président français, Emmanuel Macron, qui est interpellé dans cette affaire, 61 ans après les faits. Le mois de janvier dernier, le Président Macron avait fait part au député et mathématicien français Cedric Villani de son «intime conviction» que Maurice Audin, qui activait pour l'indépendance de l'Algérie, a été «effectivement assassiné par l'armée française». Selon le même député, Emmanuel Macron lui a affirmé qu'à ce jour, aucune archive ne venait apporter un éclairage décisif sur le sort de Maurice Audin. Mi-février dernier, un témoignage d'un ancien soldat français a relancé l'exigence de la vérité sur l'assassinat de Maurice Audin. Le soldat envoyé en Algérie en 1956 pense avoir enterré le jeune mathématicien. «Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin», raconte le témoin au journal L'Humanité dans l'objectif de «soulager sa conscience et se rendre utile pour la famille Audin». L'ancien soldat est réquisitionné dans une ferme située à Khemis El Khechna, Boumerdès où dans une cabane d'un camp perché sur les hauteurs de la ville étaient placés «deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille». Il estime que l'un des cadavres est celui de Maurice Audin. Dans une tribune publiée récemment, le mathématicien et député français, Cédric Villani, a réitéré son appel au président Emmanuel Macron en faveur d'un dernier pas dans la reconnaissance officielle de ce crime. Pour ce député de La République en marche (LREM, fondé par Emmanuel Macron), l'idée faisait son chemin que l'Etat français devait évoluer sur cette question, pour participer au travail de réconciliation de sa mémoire, et pour contribuer à assainir les relations entre la France et l'Algérie. Il a rappelé que l'ex-président François Hollande avait admis, pour la première fois, que Maurice Audin était mort en détention en donnant instruction au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de rendre accessibles toutes les archives classifiées en la matière.