Des centaines de migrants subsahariens stationnés à Tanger ont fui vers les forêts pour échapper aux violentes descentes de la police marocaine, a rapporté Associated Press, évoquant une répression à grande échelle dans cette ville portuaire du Maroc. Citant des militants de droits de l'Homme, AP a indiqué qu'il s'agit de "la plus importante répression (des migrants) depuis 2015". L'opération coup de poing a poussé des centaines de ces réfugiés, stationnés à Tanger dans l'espoir de regagner l'Espagne via le détroit de Gibraltar, à fuir vers les forets après les rafles violentes opérées par la police dans leurs camps de fortune. AP décrit des rafles particulièrement violentes où les forces de sécurité marocaines ont mis le feu au camp et pris l'argent des migrants. "Un grand nombre de personnes qui arrivent à Tanger, un des nombreux points de passage vers l'Espagne, disent qu'ils ont fui vers les forêts après que la police a défoncé les portes de leur petit dortoir à Tanger et pris l'argent qu'ils ont gagné pour payer les passeurs", a rapporté l'agence américaine. "Maintenant, les migrants déclarent ne pas être en sécurité dans cette foret avoisinante où ils affirment qu'il y a plus de descentes opérées par la police qui saisit leurs biens, brûlent leurs camps en les forçant (les migrants) à monter dans des bus en direction du Sud du Maroc, loin de la frontière du nord". Ceux qui ont réussi à échapper à la traque disent qu'ils ne pourront plus se cacher nulle part. Les autorités ont demandé aux résidents de livrer les migrants aux forces de police, selon Skey Mansare, un migrant du Cameroun, cité par Associated Press. La chasse aux migrants s'est poursuivie au Maroc sur fond d'inquiétudes des ONG. En août deux migrants maliens, dont un adolescent, sont décédés lors d'un déplacement forcé organisé par les autorités marocaines. Amnesty International, a fait état début septembre d'"une répression d'envergure" qu'exercent les autorités marocaines contre des milliers de migrants, demandeurs d'asile et réfugiés subsahariens. Depuis fin juillet, la police marocaine, ainsi que la gendarmerie royale et les forces auxiliaires, procèdent à des raids majeurs dans les quartiers de plusieurs villes où vivent les réfugiés et les migrants, d'une intensité particulière dans les provinces du nord du pays de Tanger, Nador et Tétouan, qui bordent la frontière espagnole. Quelque 5000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces opérations depuis juillet, entassées dans des bus et abandonnées dans des zones isolées proches de la frontière algérienne ou dans le sud du pays, a révélé Amnesty International, citant en cela l'Association marocaine des droits humains (AMDH).