Une trentaine de migrants subsahariens sont en passe d'être refoulés vers la frontière algérienne, a indiqué, hier, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) qui cite la section de Nador de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). «La page Facebook de l'AMDH a annoncé l'arrestation des migrants le 29 juillet et aujourd'hui (hier, ndlr), il y a eu une publication évoquant leur expulsion vers la frontière algéro-marocaine», signale, à El Watan, Saïd Salhi, vice-président de la LADDH. La section locale de l'AMDH affirme avoir rendu visite aux migrants au commissariat de Nador, ville située au nord-est du Maroc. «En visite au commissariat de Nador, l'AMDH Nador a constaté l'arrestation de presque 30 migrants, parmi eux des migrants arrêtés à l'intérieur des bus dans la gare routière. La police les a embarqués et a refusé de leur permettre d'être remboursés (billets du bus). Alors que les grands trafiquants vivent paisiblement et circulent librement à Nador, les autorités de Nador continuent de traquer et d'arrêter les simples migrants», dénonce la section sur sa page Facebook. En fin de journée, cette dernière a précisé que le bus transportant les migrants s'est arrêté au village de Touissit (sud-est d'Oujda, 5 km à l'ouest de l'Algérie) en attendant éventuellement leur transfert vers la bande frontalière. «Depuis 7h, le bus s'est arrêté. Les migrants ont été descendus du véhicule. Les responsables attendent apparemment des ordres. Les migrants ne savent pas s'ils vont être laissés ici ou plus loin dans le désert», précise un post sur la même page. Selon Fouad Hassam, militant algérien des droits de l'homme, qui suit de près les questions migratoires, le Maroc éloigne les migrants vers les villes intérieures, voire même les villes du Sud, mais il ne s'agit nullement d'expulsion car personne ne traverse une quelconque frontière, celle-ci reste fermée. Tout en signalant continuer d'échanger avec l'AMDH section Nador, la LADDH appelle le gouvernement marocain à «renoncer» à ces opérations d'expulsion en plein été où la chaleur fait peser un risque sur la santé et la vie des migrants, précise un communiqué rendu public par la LADDH et signé par son vice-président, Saïd Salhi. Rappelant que la frontière algéro-marocaine est une zone désertique, un no man's land, la LADDH met en avant l'absence de toute coopération avec le gouvernement algérien et des instances onusiennes (HCR et OIM) dans le cadre de cette opération. La ligue, qui dénonce les opérations d'expulsion arbitraires, contraires aux droits et la dignité des migrants et des réfugiés, appelle le gouvernement marocain au respect des conventions internationales et des droits des migrants demandeurs d'asile et des réfugiés. Les expulsions des migrants vers la frontière algérienne ont connu un épisode dramatique l'année dernière. En avril 2017, des migrants syriens ont été bloqués à Figuig, une zone tampon située à l'extrême-est du Maroc. Les autorités marocaines ont refusé aux réfugiés la possibilité d'entrer en contact avec les intendances onusiennes, à l'instar du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et de recevoir une aide humanitaire d'urgence.