Un rapport publié vendredi par le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem), a dressé un tableau noir des violences et des opérations de déplacements forcés de migrants subsahariens menées par les forces de l'ordre marocaine. Lors de ces opérations "régulièrement menées" dans le nord du royaume, quelque 6.500 migrants, dont 121 mineurs, 17 bébés et 12 femmes enceintes, ont été arrêtés entre juillet et début septembre, et déplacés de force, dans des bus, vers le sud du pays, selon le rapport de cette ONG marocaine. Avec l'objectif de les "éloigner le plus loin possible des zones frontalières", des demandeurs d'asile, des détenteurs d'un visa valide, voire des migrants régularisés, ont été arrêtés et déplacés vers le sud, sur "la base de leur couleur de peau", précise la même source. "Aucun mandat d'arrêt ou autre document officiel prouvant que ces opérations entrent dans le cadre d'une enquête judiciaire n'ont été présentés aux personnes ciblées", fustige le Gadem. Amnesty international a dénoncé le 7 septembre une "répression d'envergure", qualifiée de "cruelle et illégale", en exhortant le gouvernement marocain à "mettre fin à ces arrestations discriminatoires". Depuis début 2018, l'Espagne a enregistré plus de 38.000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les autorités marocaines évoquent, de leur côté, 54.000 tentatives de passage avortées depuis janvier. Les Marocains sont eux aussi de plus en plus nombreux à tenter cette périlleuse traversée. Mardi, la marine royale a ouvert le feu sur une embarcation rapide transportant des Marocains, faisant un mort et trois blessés.