Le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem) a exprimé sa vive préoccupation face à la "recrudescence" au Maroc du "climat d'intolérance et de la haine" envers les ressortissants étrangers subsahariens. Dans sa réaction au lancement fin juin par les autorités marocaines d'une vaste opération d'expulsion de migrants subsahariens du quartier Boukhalef dans la ville de Tanger, le Gadem s'est dit "inquiet" du caractère "discriminatoire et illégal" de ces opérations d'évacuation lors desquelles deux migrants sont morts. "En menant une opération visant exclusivement les Noirs non ressortissants, les autorités (marocaines) ne se sont-elles pas rendues coupables de discrimination sur la base de l'origine nationale et/ou de la couleur de peau", s'est indignée cette ONG. De l'aveu même des autorités de Rabat, cette opération d'expulsion locative visait "spécifiquement" les Noirs non ressortissants. L'occupation illégale d'un appartement serait-elle l'apanage de ces derniers? Les Noirs non ressortissants du quartier Boukhalef seraient-ils tous des squatteurs par nature? N'y aurait-il pas parmi eux des personnes qui ont des contrats de bail ou qui du moins, payent leur loyer même s'ils n'ont pas de contrat en bonne et due forme, comme cela reste d'usage au Maroc?, s'est interrogé le Groupe. Le Gadem a pu identifier au moins une famille titulaire d'un contrat de bail qui a été délogée par les forces de l'ordre marocaines à la demande des voisins. Le Groupe antiraciste tient, par ailleurs, à rappeler que les expulsions locatives sont normalement soumises à une procédure légale. Une série d'articles haineux envers les Noirs non ressortissants, notamment contre les personnes habitant dans le quartier de Boukhalef, ont été relayés par des médias électroniques arabophones ces dernières semaines. Le Gadem considère que ces sites ont contribué à la montée du climat d'intolérance et de haine raciale et sont donc responsables, autant que les autorités (marocaines), de ces violations des droits des Noirs non ressortissants. La vague d'arrestations de migrants subsahariens au Maroc qui a débuté lundi 29 juin par l'évacuation d'immeubles occupés illégalement dans le quartier de Boukhalef, à Tanger, s'est poursuivie vendredi lorsqu'une opération de police a été menée dans un autre quartier de la ville, à proximité de l'aéroport. Depuis lundi, deux Ivoiriens ont trouvé la mort dans ces évacuations forcées, selon le Gadem qui s'inquiète également du sort toujours incertain des personnes qui ont été arrêtées et déplacées depuis le début de la semaine. Celles-ci ont été "déplacées dans différentes villes du sud du Maroc, notamment Agadir, Marrakech et Fkih Ben Salah", précise le Gadem, qui souligne que "tous se plaignent de n'avoir aucune information" sur la raison et la durée de leur détention.