Le parc national de Djebel Aïssa, au sud de la wilaya de Nâama, est l'un des espaces protégés de la chaine de l'Atlas saharien qui se caractérise par sa biodiversité et ses potentialités touristiques dont la préservation des atouts naturels et ses écosystèmes s'avère primordiale dans le cadre du développement durable. Ce parc, situé à 14 km à l'Est de la commune de Tiout, a été classé réserve naturelle de valeur touristique et économique couvrant une surface de 29.000 has. Djebel Aïssa compte une surface boisée diversifiée constituée de pistachier de l'Atlas, de caroubier, de chêne, d'eucalyptus, de cèdre, de pin d'Alep et autres essences couvrant la montagne dont le sommet atteint les 2.236 mètres d'altitude, selon Sahnoune Mohamed, technicien au service du développement floral et faunistique de la conservation des forêts de la wilaya. Une étude de terrain, élaborée par la Conservation des forêts pour recenser des espèces de plantes médicinales et des animaux vivant dans ce parc naturel, vient d'être achevée. Les données scientifiques et des statistiques de la biodiversité du Djebel Aïssa seront publiées dans un guide illustré après achèvement du cadastre et l'inspection des lieux de cet espace steppique, très vaste caractérisé par ses accès accidentés. La Conservation a recensé jusqu'à ce jour 50 espèces d'oiseaux dont des variétés rares et menacées de disparition comme l'aigle royal, les faucons, les chardonnerets, les hiboux et autres. Cette zone abrite également d'autres espèces animalières, recensées ces dernières années, comme le renard roux, l'écureuil berbère, différentes espèces de reptiles, le hérisson, le lièvre, le chacal et autres animaux. Cet espace naturel est aussi riche en fossiles, forêts pétrifiées et gravures rupestres. Il constitue une importante source de plantes médicales qu'utilisent les populations locales. Cette réserve aux caractéristiques multiples - forestière, steppique et saharienne - est confrontée à la vulnérabilité de son sol et des effets du climat rude, de la désertification et certains phénomènes provoquant une réduction drastique du couvert végétal. Ceci nécessite des actions de sensibilisation intensifiées sur l'importance de la valorisation de ces richesses naturelles. La Conservation des forêts a enregistré durant le 1er semestre 2018, plus de 30 infractions concernant le braconnage, l'arrachage intensif de certaines plantes médicinales et des actes de déforestation. Une biodiversité riche mais vulnérable La même Conservation a signé, dernièrement, une convention avec la faculté des sciences de la nature et de la vie de l'université "Aboubekr Belkaïd" de Tlemcen pour la coopération dans le domaine de la protection du patrimoine écologique et l'exploitation des moyens naturels du parc du Djebel Aïssa. Il s'agit de développer des recherches sur l'environnement, les ressources forestières et de dégager des orientations de gestion et de protection de ces domaines réservés dans le cadre du développement durable, a-t-on souligné. Par ailleurs, ce parc fait l'objet de recherches scientifiques initiées par plusieurs instituts dont ceux dépendant de l'université Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB) d'Alger, de la faculté des sciences de la nature et de la vie de l'université d'Oran 1 "Ahmed Benbella". Il s'agit de trouver des moyens pour protéger certaines espèces menacées d'extinction. La même Conservation a lancé plusieurs initiatives en vue de régénérer le couvert végétal à travers de vastes surfaces de Djebel Aïssa, notamment la protection d'importantes surfaces par la plantation de l'alfa en zones steppiques relevant du parc donnant de meilleurs résultats pour régénérer cette plante, utilisée dans la stabilité du sol, la fabrication du papier et l'artisanat. La Conservation a réalisé, à travers ces sites montagneux, des travaux de réfection de puits, de sources d'eau et de correction torrentielle de 12.000 m3 sur les montagnes en vue d'éviter l'érosion. Elle a également procédé à l'aménagement des pistes forestières, la création de points d'observation pour le suivi des changements en milieu naturel et la valorisation des ressources naturelles et animales du parc. Par ailleurs, les forestiers de la wilaya mènent des campagnes de plantation de pistachiers d'Atlas qui s'acclimatent avec les zones semi-arides du parc qui s'ajoutent au pistachier sauvage, une espèce d'arbres rares répandus au Djebel Aïssa. Ces dernières années, cette zone draine de dizaines de visiteurs en quête de repos en plein air, d'exploration ou de pratique de l'alpinisme. Ces pratiques constituent un autre problème menaçant cette zone protégée, d'où la nécessité, estime-t-on, d'intensifier des patrouilles des agents de forêts pour préserver l'écosystème de la région. Par ailleurs, le mouvement associatif local, représenté notamment par l'association des Amis de l'Atlas saharien (Ain Sefra), les associations écologiques "Iguezer" et "Titaouine" activant à Tiout et l'association "Explorons la nature" et celle de la protection et de la promotion de l'environnement, multiplie les actions pour protéger sur le terrain ce patrimoine naturel, notamment la zone boisée de cette montagne et son couvert végétal. Des passages ont été aménagés et des panneaux de sensibilisation posés au sein du parc pour informer les randonneurs de la nécessité de respecter les lieux et d'éviter d'allumer des feux. Ces associations mènent aussi des campagnes de nettoiement de la forêt de tous les détritus laissés par les visiteurs après leurs visites. Le problème des crues au niveau du parc naturel du djebel Aïssa reste aussi posé avec acuité, selon une étude élaborée par la Conservation locale des forêts. Cette étude recommande la réalisation de travaux "urgents" pour lutter contre les crues, et procéder à la correction torrentielle des oueds. Les responsables du secteur des forêts ambitionnent d'actualiser les études d'inventaire de la biodiversité du Parc et de recruter des agents supplémentaires pour lutter contre le pacage illicite menaçant l'équilibre naturel du parc.