La femme algérienne a joué un rôle "motivant" durant les manifestations du 11 décembre 1960, a affirmé, samedi à Alger, maître Fatma-Zohra Benbraham, qualifiant ces événements de "déferlante populaire". "Bien que n'étant pas instruites, les femmes algériennes disposaient d'une maturité politique qui les a conduites à sortir dans la rue, pour certaines, avant leurs propres pères, frères ou époux jouant ainsi un rôle motivant pour ces derniers, lors de ces événements", a déclaré Me Benbraham. L'avocate intervenait lors d'une conférence sur "la contribution de la femme algérienne lors des manifestations du 11 décembre 1960", organisée par l'association Machâal Echahid, à la veille de la commémoration du 58éme anniversaire de ces événements, dont le théâtre a été la capitale, avec pour point de départ le quartier populaire Mohamed Belouizdad (ex-Belcourt). Qualifiant ces faits de "déferlante populaire", la conférencière a ajouté que le rôle de "meneuses" de cette historique contestation endossé par certaines femmes algériennes a été tel, que leurs proches parmi les hommes "ne pouvaient que s'y joindre". En sa qualité d'avocate ayant plaidé auprès des autorités françaises, entre autres causes, celle de connaître le sort des manifestants disparus lors de cette historique journée, Me Benbraham a déploré le nombre élevé des morts et des blessés qui y avaient été enregistrés parmi les Algériens, citant la martyre Saliha Ouatiki, tombée sous les balles assassines de la police française, à l'âge de 12 ans. "Le 11 décembre 1960 a été une surprise pour tout le monde, y compris pour les Français qui sentaient que quelque chose se préparait mais sans savoir laquelle. D'où la débâcle qui s'en est suivie", a soutenu l'avocate, avant de noter que, pour la première fois, les Algériens avaient scandé certains slogans lors de cette historique manifestation. A savoir, a-t-elle énuméré, "L'Algérie indépendante et musulmane", "Vive le Front de Libération nationale (FLN) et l'Armée de Libération nationale (ALN)", "Vive le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA)", "Ferhat Abbas notre président". Elle a expliqué dans quelle mesure le FLN, l'ALN ainsi que le GPRA ont su "récupérer" à leur avantage ces événements, rappelant, à ce propos, le discours prononcé, le 16 décembre de la même année à Oran, par le président du GPRA, Ferhat Abbas, dans lequel, il a dénoncé l'atrocité de la riposte de l'administration coloniale à l'égard de manifestants pacifiques. Abordant le contexte ayant précédé et préparé ce qui allait s'appeler "les événements du 11 décembre 1960", l'intervenante a évoqué la visite du Général de Gaulle en Algérie, deux jours plus tôt, durant laquelle il devait proposer une solution à la question algérienne. Celle-ci consistant en une "Algérie algérienne" mais toujours rattachée à la France coloniale, soit une "alternative entre la soumission et l'assimilation", a-t-elle détaillé, relevant dans quelle mesure les manifestations du 11 décembre 1960 ont porté la question algérienne sur la scène internationale. Mme Benbraham a, enfin, considéré "nécessaire" pour les Algériens qu'ils connaissent cette glorieuse page du mouvement de libération nationale et l'une de ses illustres dates, afin, a-t-elle noté, de mieux "apprécier la valeur de l'indépendance". Lors de cette rencontre, Me Benbraham ainsi que le journaliste Mahmoud Boussoussa ont été symboliquement honorés par l'APC d'Alger-Centre. Mahmoud Boussoussa figurait parmi les jeunes manifestants ayant défié, lors de cette mémorable journée de l'histoire de la révolution algérienne, l'une des plus puissantes forces coloniales de l'époque.