Dix sept (17) personnes ont été condamnées à des peines de deux à quatre ans de prison ferme pour participation au mouvement social de protestation dans la cité minière de Jerada (nord-est) du Maroc, pour réclamer au gouvernement des mesures d'aide pour lutter contre la pauvreté dans cette région, a indiqué vendredi leur avocat. L'avocat, Abdelhak Benkada, a précisé que la Cour d'appel d'Oujda qui les jugeait en première instance les a reconnu ‘‘coupables'' dans la nuit de jeudi à vendredi de ‘‘destruction de bien publics, incitation à commettre des crimes et délits'' et ‘‘participation à une manifestation non autorisée''. Ces condamnations sont ‘‘sévères et catastrophiques'', a déploré M. Benkada, qui a en outre regretté qu'un 18e prévenu, qui souffre d'une maladie mentale'' ait été condamné à deux ans de prison avec sursis. Les autorités avaient interpellé 95 personnes pendant le mouvement de contestation qui a agité Jerada entre fin 2017 et début 2018. Sur ce total, 61, pour la plupart des jeunes ont été condamnées à des peines de prison, compte tenu des dernières condamnations. Le mouvement avait été déclenché par la mort de deux hommes cherchant du charbon fin 2017 dans un puits de la cité minière. Au moins neuf décès du même type ont été enregistrés au cours de l'année 2018. Ces condamnations ont été prononcées alors que l'ONG Human Rights Watch (HRW) a rapporté jeudi que les autorités marocaines avaient fait preuve de plus d'intolérance à l'égard de la contestation publique, en recourant à une répression intensifiée des mouvements sociaux. ‘‘Les autorités marocaines ont réagi en mars à la manifestation dans la ville minière de Jerada par des semaines de répression, faisant usage d'une force excessive'', s'indigne l'ONG américaine dans son rapport mondial sur la situation des droits de l'homme, lancé jeudi à Berlin. HRW rappelle qu'en juin de l'année écoulée, un tribunal de Casablanca a condamné des leaders du Hirak, un mouvement de protestation qui a manifesté régulièrement dans la région du Rif pendant des mois, à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison ‘‘lors de procès inéquitables''. En 2018, Human Rights Watch a documenté plusieurs cas de recours excessif à la force pour disperser des manifestations et à des arrestations de manifestants pacifiques pour des motifs tels que manifestation sans autorisation et agression de policiers. ‘‘A partir du 14 mars, les autorités ont répondu à des manifestations socio-économiques dans la ville minière paupérisée de Jerada, dans le nord-est du pays, par une campagne de répression allant bien au-delà d'un effort visant à traduire en justice des manifestants considérés violents'', affirme l'ONG. HRW, cite un incident filmé en vidéo, le 14 mars, montrant un véhicule de la police qui a pris d'assaut une manifestation, heurtant Abdelmoula Zaiqer, âgé de 16 ans, et le blessant grièvement. Entre le 14 mars et le 31 mai, les autorités ont arrêté et mis en accusation au moins 69 manifestants à Jerada. Human Rights Watch relève que la vague de répression policière en mai 2017 contre le Hirak s'est soldée par l'arrestation de plus de 400 manifestants.