Face à la contestation sociale, les autorités marocaines n'ont trouvé comme réponse que la répression policière contre les leaders du Hirak. Les 42 détenus du Hirak du Rif ne se sont pas présentés vendredi devant la cour d'appel de Casablanca et ont réclamé un procès "équitable et impartial" et "l'annulation des procès-verbaux dressés par la police judiciaire" après leur arrestation. Le procès en appel des détenus du Hirak du Rif connaît de nouveaux développements à l'occasion de la quatrième audience prévue pour vendredi dernier, avec l'absence des prisonniers qui emboîtent les pas au leader du mouvement contestataire, Nasser Zefzafi, dont le père avait rendu publique, mercredi, une lettre annonçant sa décision de boycott. Ils sont donc passés à l'acte en ne se présentant pas vendredi devant le juge. Rappelons que ces 42 détenus, qui sont considérées comme le noyau dur de la contestation rifaine, avaient été condamnés en juin 2018, avec onze autres accusés, à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison. Ils avaient été arrêtés dans la province d'Al-Hoceïma (nord), l'épicentre du Hirak, entre mai et juin 2017 pour leur participation à des manifestations, puis transférés à Casablanca où ils sont incarcérés. Leur défection vendredi a été mise à profit par le juge de la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca pour ouvrir les débats sur le cas du journaliste Hamid El-Mahdaoui, condamné à trois ans de prison en première instance. Le journaliste avait été reconnu coupable de "non-dénonciation d'une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat", après avoir reçu un appel d'un Marocain résidant aux Pays-Bas faisant état d'une livraison de l'étranger de "chars" destinés au Hirak. "Ce sont des histoires à dormir debout. Un journaliste (...) n'a pas à dénoncer" de telles histoires, a clamé son avocat Lahbib Hajji. Il y a lieu de signaler que les prévenus du Hirak du Rif avaient déjà boycotté des audiences en première instance pour les mêmes raisons et leurs avocats avaient refusé de plaider au terme de leur procès. Toujours dans le même ordre d'idées, dix-sept personnes ont été condamnées à des peines de deux à quatre ans de prison ferme pour participation au mouvement social de protestation dans la cité minière de Jerada, dans le nord-est du Maroc, pour réclamer au gouvernement des mesures d'aide pour lutter contre la pauvreté dans cette région. Leur avocat, Abdelhak Benkada, a indiqué vendredi que la cour d'appel d'Oujda qui les jugeait en première instance les a reconnus "coupables" dans la nuit de jeudi à vendredi de "destruction de biens publics, incitation à commettre des crimes et délits" et "participation à une manifestation non autorisée". Réagissant à ces condamnations, l'ONG Human Rights estime que le Maroc fait "preuve de plus en plus d'intolérance à l'égard de la contestation publique". Les autorités ont "fait usage d'une force excessive contre les manifestants et ont arrêté des responsables de la manifestation, qui ont ensuite été condamnés à des mois de prison", indique-t-elle dans son rapport. Merzak Tigrine