Des jeunes à Djelfa ont décidé de s'impliquer totalement dans la transformation du paysage de leurs quartiers et villes à travers de larges campagnes de nettoyage accompagnées par la réalisation de fresques murales de toute beauté. C'est à la gare de transport universitaire du campus universitaire "Ziane Achour" au chef lieu de wilaya de Djelfa, que cette belle initiative citoyenne est née, portée par un groupe d'étudiants (garçons et filles), qui ont décidé de changer le visage "rebutant" du site, en y lançant une large campagne de nettoyage. Cette initiative créa un effet boule de neige, car un groupe de jeunes de l'association locale "Fikra"( Idée) décida de marquer de son empreinte à la place publique "Mohamed Boudiaf" au centre ville de Djelfa, en y réalisant une fresque murale de tout beauté, au milieu de laquelle trône majestueusement l'emblème national, reflet, pour eux, d'un amour illimité pour la patrie. Selon leurs auteurs, ces initiatives se veulent un "accompagnement du mouvement populaire pacifique de ces dernières semaines", à travers lequel les jeunes veulent exprimer leur volonté du changement par la base, et ce en commençant par changer leur environnement immédiat. "Cette campagne d'hygiène est une contribution de notre part pour changer les mentalités et accompagner le Hirak (mouvement populaire)", a souligné Zakaria Mahiedinne, un étudiant en sciences et technologie à l'université "Ziane Achour". "Nous voulons surtout exprimer notre conviction que nous sommes capables de changer les choses à notre niveau et devenir des modèles à suivre, en matière de civisme et nationalisme", a-t-il ajouté. L'idée de ces jeunes a été vite adoptée par des admirateurs qui, de simples spectateurs, sont devenus partenaires actifs dans de nombreuses campagnes d'hygiène lancées à travers de nombreux points de la ville de Djelfa, mais aussi à Ain Ouessara, Dar Chiouck et Messaàd notamment. Le président de l'association "Fikra", Kacem Kamel, a, pour sa part, assuré que les activités de cette dernière, dont la réalisation de fresques murales notamment, "ne sont pas nécessairement liées au Hirak" "C'est pour nous une tradition", a-t-il précisé, signalant à titre indicatif, la réalisation récemment par les membres de cette association de "fresques murales au niveau d'établissements sanitaires et éducatifs de la wilaya". L'objectif étant, a-t-il ajouté, "l'éloignement des jeunes des fléaux sociaux en tous genres". Campagnes de nettoyage et fresques murales, reflet d'un esprit collectif Selon Dr Lamri Lhadj, professeur en sociologie à l'université Ziane Achour, ces initiatives des jeunes pour nettoyer leurs quartiers et l'embellissement de leur milieu par des fresques murales, expriment en sociologie "l'esprit d'équipe ou de travail collectif, à travers lequel des groupes de travail se constituent et s'agrandissent comme une boule de neige". En sociologie, ces campagnes d'hygiène et de sensibilisation à l'hygiène peuvent être classées dans ce que l'on peut appeler l'"obstination ou la persévérance positive", a-t-il ajouté, estimant que c'est là un "phénomène algérien par excellence". Cette initiative a été portée par des jeunes de Djelfa, qui est une partie intégrante de la société, et de ce fait elle n'a pas tardé à faire des émules", a-t-il observé. Pour Dr Lamri, les jeunes adoptent plusieurs façon pour s'exprimer. "Certains pourraient avoir des empêchements pour sortir manifester, alors ils décident de s'exprimer autrement, en nettoyant ou en réalisant des fresques, au moment où d'autres préfèrent exploiter les réseaux sociaux, ou écrire tout simplement", a-t-il expliqué. "Les fresques murales sont une expression positive dont on peut s'enorgueillir", s'est-il félicité, estimant, en outre, qu'elle vient en droite ligne du phénomène d'écriture sur les murs, qui a brisé de nombreux tabous sociaux. Toujours au titre de ces initiatives citoyennes, un groupe de jeunes a lancé, la semaine passée à Djelfa, une importante campagne de boisement au milieu d'une surface de deux hectares dans la forêt Sin Elba au chef lieu de wilaya, où un millier de plants d'arbres ont été mis en terre. Cette action, initiée par le "Club des vélos de montagne", s'ajoute à d'autres campagnes de bénévolat, dont la préparation se fait soit via les réseaux sociaux ou par d'autres canaux de communication, avec pour seule finalité, aller à la découverte des régions et préserver l'environnement et le milieu par l'ancrage d'une culture environnementale saine.