Les Algériens sont sortis vendredi en masse à travers les wilayas du pays pour réclamer un changement "radical" du système et le départ de ses anciennes figures encore aux commandes du pays, ont constaté les correspondants de l'APS. Des marches imposantes et pacifiques ont été organisées pour le 8eme vendredi consécutif dans les wilayas du Centre pour réclamer un changement radical du système, le départ du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le "respect" de la souveraineté du peuple. Dans les wilayas de Blida, Chlef, Djelfa et Ain Defla, Tipasa et Médéa, des milliers de manifestants ont demandé le départ de personnalités composant le système à leur tête le chef de l'Etat et exprimé leur engagement à poursuivre le mouvement de protestation jusqu'à la consécration de la souveraineté populaire. Ils ont aussi réaffirmé le lien de fraternité qui lie le peuple à l'Institution militaire en scandant "Djeich Chaab Khawa Khawa". A Tizi-Ouzou, Boumerdes, Bouira et Bejaia, les manifestants qui étaient des centaines de milliers, ont déployé l'emblème national. Ils ont sillonné les artères principales de ces villes en brandissant des banderoles et des pancartes réclamant une phase de transition qui sera gérée par des personnalités "civiles, crédibles, non impliquées dans des affaires de corruption et qui n'ont pas soutenu le régime". A Bejaia, la marche, qui a visiblement mobilisé plus que ses effectifs antérieurs, a fait une boucle de plusieurs kilomètres, et en milieu d'après midi, de nouveau renforts affluaient encore vers le centre-ville, venant autant de l'intérieure de la wilaya que de l'extérieur, notamment de Jijel,Sétif et Bordj Bou Arreridj. Pour le premier vendredi après la désignation de M. Bensalah comme chef de l'Etat, les marches populaires et pacifiques dans les wilayas de l'Est du pays ont été reconduites avec comme mot d'ordre "Le respect de la volonté du peuple". A Annaba, Constantine, Skikda, El Tarf et Mila, des petits groupes de citoyens ont convergé, sous des pluies incessantes, vers les centres de ces villes, juste après la prière, et arpenté les artères principales, au fur et à mesure que d'autres groupes se sont joints à la marche, revendiquant le départ des "3B" (le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz". Depuis Guelma, Tébessa, Souk Ahras, Biskra, Batna et Sétif, des milliers de citoyens, jeunes et des moins jeunes, des familles et des personnes âgées, déployant l'emblème national et entonnant comme à l'accoutumée "Djeich-chaâb khaoua khaoua" (Armée et peuple sont frères), ont également appelé au départ ‘'des figures apparentés au système''. A Oum El Bouaghi et Khenchela, les manifestants ont exprimé, à travers des slogans et en brandissant des banderoles et des pancartes, leur attachement à l'unité nationale. Dans l'Ouest du pays, la marche oranaise réclamant le changement "radical" du système a drainé une foule immense de citoyens qui a notamment appelé au "respect de la voix du peuple". La Prière du Vendredi accomplie, de nombreux groupes de manifestants ont entamé la marche à partir de différents quartiers de la capitale de l'Ouest. Les premiers mouvements étaient visibles à travers, entre autres artères, les boulevards "Mâata El-Habib" et "Emir Abdelkader", la rue de "Tlemcen" et l'avenue "Max Marchand". Disparates au départ, ces groupes de citoyens, dont des femmes et des enfants, arboraient l'emblème national et scandaient des slogans hostiles au régime en place. "Respectez la voix du peuple", "Dégagez tous", "Non à Bensalah", "Oui à l'Algérie des Chouhada", figurent parmi les slogans récurrents clamés par la vague de manifestants qui marchaient également au rythme de chansons patriotes. Des marches aux revendications similaires ont été observées dans les wilayas de Tlemcen, Mascara, Ain Temouchent, Mostaganem, Tiaret et El Bayadh, a-t-on constaté. Dans le Sud du pays, enfin, ils étaient des milliers de personnes à sortir dans la rue afin de réitérer leur appel au changement "profond" et réaffirmer la cohésion entre le peuple et son armée (Djeich-Chaab, khawa-khawa). Issus de différentes couches de la société, ils ont tenu des rassemblements et arpenté les principales artères des grandes villes du Sud, à l'instar d'Ouargla, Ghardaïa, El-Oued, Touggourt, Laghouat, Adrar, Tindouf et Tamanrasset, pour réclamer un changement "radical" ainsi que le départ de l‘ensemble des figures du système, dont les trois B (Bensalah, Belaiz et Bedoui) et l'actuel gouvernement, et appeler au "respect de la Constitution". Arborant l'emblème national, des manifestants ont réclamé l'application de l'article 102 de la Constitution, mais "appuyé" par ses articles 7 et 8, tandis que d'autres ont appelé à la mise en place d'une instance de transition gérée par des "hommes intègres et nationalistes". Les manifestants ont scandé aussi des slogans appelant à la lutte contre la corruption, tout en rappelant le caractère pacifique de leurs manifestations et en appelant à la préservation de l'unité nationale. Encadrées par un dispositif de sécurité imposant, déployé aux points névralgiques pour éviter tout dérapage, ces marches se sont déroulées dans le calme.