Une résurgence des cas de rougeole, également appelée ''première maladie'', est enregistrée dans la wilaya de Constantine, à l'instar des autres régions du pays, requérant pour y faire face une action collective pour accroitre la couverture vaccinale et protéger les personnes de tout âge contre ce type de maladie très contagieuse. Réapparue avec force à l'échelle planétaire, la rougeole est en pleine expansion actuellement, incitant l'Unicef à appeler au réveil, qui exhorte les gouvernements à mener une vaccination intensive contre cette pathologie hautement évitable, mais potentiellement mortelle. C'est le pari que tendent à relever les professionnels de la santé à la faveur notamment de la semaine mondiale de la vaccination, célébrée du 24 au 30 avril de chaque année, mettant l'accent sur la nécessité d'agir collectivement pour accroitre la couverture vaccinale et protéger les personnes vulnérables. A l'image d'autres pays, l'Algérie connait, depuis plusieurs mois, une résurgence des cas de rougeole sur le territoire national, à l'instar de la wilaya de Constantine où pas moins de 587 cas de rougeole déclarés ont été enregistrés en 2018, a affirmé à l'APS, Dr Fahima Sghirou, responsable du service de prévention de la direction locale de la santé (DSP). Assurant qu'''aucun décès n'a été déploré sur le territoire de la wilaya'', elle a précisé que parmi les cas de rougeole déclarés, ''il y a néanmoins beaucoup de nourrissons et de jeunes adultes âgés de 20 à 30 ans''. Faisant savoir, par ailleurs, que ''les services de la santé ont enregistré 94 cas déclarés de rougeole entre le mois de janvier et la mi-avril 2019'', la responsable a attribué cela au ''renforcement de la prévention et la vaccination qui ont permis d'amoindrir la transmission de cette maladie très contagieuse, et ce, en dehors de la poursuite du programme de vaccination ordinaire''. ''L'épidémie de rougeole a incité les citoyens à se faire vacciner, adultes et enfants, outre l'entourage immédiat des malades atteints de cette maladie (de 6 mois à 40 ans) qui est vacciné systématiquement'', a ajouté Dr ghirou à ce propos. Elle a également rappelé que, parallèlement aux deux campagnes de vaccination contre la rubéole et la rougeole, initiées en mars 2017 et entre décembre 2017 et janvier 2018, les équipes de la santé scolaire ont assuré la vaccination des élèves de 1ère année primaire (Diphtérie Tétanos pédiatrique), et ceux des 1 ères années moyenne et secondaire (DT adulte) avec un taux de couverture respectif de 97, 01%, 98,26% et 96,21% durant l'année 2016-2017. Ces taux n'ont pas connu un changement notoire durant l'année 2017-2018, puisqu'ils sont de l'ordre de 95,62% pour les élèves de 1ère année primaire, 96,88% pour ceux de 1 ère année moyenne et 97,66% pour les lycéens de 1ère année secondaire, a-t-elle encore détaillé. La différence est, toutefois, patente s'agissant du vaccin contre la rougeole, dont le taux de vaccination dans les trois paliers était de l'ordre de 80,56% en 2016-2017, contre 61,70% en 2017-2018. ''Mauvaise'' communication et méfiance exacerbée Le nouveau calendrier de vaccination algérien préconisant d'administrer le vaccin contre la rougeole et la rubéole (RR) sous forme de campagnes pour la tranche d'âge des 6-15 ans, la ''mauvaise'' communication et le décès post-vaccinal de deux bébés en 2016 n'ont pas manqué, en effet, de cristalliser les tensions et exacerber la méfiance de la population. Le consentement écrit des parents, exigé en mars 2017 par les établissements scolaires comme préalable à la vaccination de leurs enfants contre la rubéole et la rougeole (RR), a ''mis à mal une dynamique vaccinale pourtant bien huilée depuis des années'', confient, à l'APS, des praticiens de la santé publique. Cette campagne avait d'ailleurs été quasiment boudée par la population au plan national, comme ce fut le cas à Constantine où elle s'était soldée, selon les chiffres de la direction de la Santé, par la vaccination d'un effectif de 2.866 élèves uniquement sur un total de 187.929 élèves du primaire et du moyen. Relancée entre le 21 décembre 2017 et le 7 janvier 2018, avant d'être prolongée jusqu'au 31 janvier, la campagne de vaccination contre la rubéole et la rougeole avait été un peu mieux accueillie, avec 32.810 élèves du primaire et du moyen vaccinés dans la wilaya de Constantine, sur un total de 187 929 élèves ciblés. Visant à renforcer l'immunité des élèves des cycles primaire et moyen contre la rougeole et la rubéole, dont la tranche d'âge (6 à 15 ans) est la plus exposée à ces maladies virales, cette campagne n'avait enregistré qu'un taux de vaccination de 21% dans le palier primaire contre 12% dans le cycle moyen. Plus de 450.000 actes de vaccination en 2018 De son côté, Adil Daâs, responsable du service de la population de la DSP, a estimé qu'''il n'y a pas eu de fléchissement en matière de vaccination'', faisant état à cet effet, d'un taux de couverture du BCG (administré à la naissance) de l'ordre de 100% durant les années 2016, 2017 et 2018, alors que le taux de couverture des DT Polio oral, haemophilus b et pneumocoque a atteint 82 % durant cette même période. ''En 2018, pas moins de 451.556 actes de vaccination des enfants contre la Diphtérie, Tétanos, Coqueluche (DTC), Poliomyélite oral, haemophilus influenzae b, hépatite B, Pneumocoque, Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR), mais aussi des femmes enceintes (antitétanique) ont été effectués dans les structures de santé de la wilaya'', a-t-il précisé. S'agissant du vaccin anti rougeole-oreillons et rubéole combinés, ''le taux de couverture enregistré est pour l'heure de l'ordre de 70 %'', a ajouté le responsable, précisant que la population cible (depuis la naissance à l'âge de 18 mois) n'a pas encore complété son calendrier vaccinal. Par ailleurs, certains responsables de la santé ont relevé les efforts consentis par l'Algérie depuis plusieurs années pour éradiquer certaines maladies à l'instar de la poliomyélite (paralysie touchant le plus souvent les membres inférieurs, ce qui a valu à notre pays, assure-t-on, une certification de l'élimination de la poliomyélite de la part de l'organisation mondiale de la santé (OMS). Une certification intervenant après celle de l'élimination du tétanos néonatal, alors qu'une troisième certification attestant de l'éradication du paludisme se profile à l'horizon. Ces certifications d'élimination de maladies infectieuses, rappelle-t-on, ont pu être obtenues à la faveur du calendrier national de vaccination visant à garantir à la population une réelle protection contre de nombreuses infections comme la rougeole. En 2018, cette maladie à fort potentiel épidémique a causé la mort de 136 000 personnes environ dans le monde, avec un ''bond'' de 50 % des cas signalés par rapport à 2017, selon l'Organisation mondiale de la santé.