Les médias français doivent rappeler, à l'occasion de la célébration du 8 mai 1945 en France, qu'en Algérie des dizaines de milliers d'Algériens ont été massacrés par l'armée française, a déclaré mercredi à Paris le politologue Olivier Le Cour Grandmaison. "Les médias, pour leur part, doivent rappeler que le 8 mai 1945 n'était pas simplement la libération du pays, mais au même moment de l'autre côté de la Méditerranée, en Algérie, des dizaines de milliers d'Algériens ont été massacrés par l'armée française agissant sous l'autorité d'un gouvernement d'union nationale afin de maintenir l'intégrité de l'empire coloniale français", a-t-il précisé dans une déclaration à l'APS, en marge du rassemblement commémorant les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata contre des Algériens sortis pacifiquement revendiquer l'indépendance de leur pays. Il a noté qu'en dépit des rassemblements depuis quatre ans, les plus hautes autorités de l'Etat français, en l'occurrence le président de la République Emmanuel Macron et le gouvernement, "n'ont fait aucune déclaration relative à la reconnaissance des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité commis par la France coloniale lors des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945". "Il faut rappeler à ce sujet que la France, comparativement à d'autres puissances coloniales, est très en retard, puisque des pays comme l'Allemagne a reconnu le génocide perpétré en 1904 par les forces armées allemandes en Namibie ou la Grande-Bretagne qui a non seulement reconnu ses crimes coloniaux mais indemnisé les victimes et leurs descendants", a-t-il ajouté, considérant que la France devrait, à l'image des autres puissances coloniales, reconnaître "pleinement" les crimes contre l'humanité en Algérie, comme l'avait déclaré le candidat Macron en Algérie. Au cours de sa campagne pour la présidentielle, le candidat Macron a déclaré à la chaîne de télévision algérienne Echourrouk TV, le 5 février 2017, à l'occasion de son déplacement en Algérie, que la colonisation est "un crime contre l'humanité". Interrogé par le journal numérique Mediapart, le 5 mai suivant, il a annoncé : "Je prendrai des actes forts", rappelle-t-on. "Nous considérons que la reconnaissance par les plus hautes autorités de l'Etat et par l'Etat de ces massacres aura pour conséquence positive de faire en sorte que les événements soient inscrits dans les manuels scolaires, donc enseignés à l'occasion de la célébration en France du 8 mai 1945", a-t-il expliqué.