Histoire et mémoire. 8 mai 1945 - 8 mai 2017. Soixante-douze ans depuis l'un des plus ignobles et abjects génocides de la France coloniale en Algérie. En Algérie, les anciens voient dans le 8 mai 1945 un événement fondateur du nationalisme algérien, un acte de naissance, dans le sang des martyrs, de la nation algérienne. Les massacres enregistrés dans les trois wilayas de Sétif, Guelma et Kherrata (Béjaïa) sont des répressions sanglantes survenues après les géantes et grandioses manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes qui se sont produites en mai de la même année. Pour fêter la fin des hostilités de la Seconde Guerre mondiale et la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe, un défilé est organisé. Les partis nationalistes algériens, profitant de l'audience particulière donnée à cette journée, décident par des manifestations de rappeler leurs revendications. Ces manifestations sont autorisées par les autorités à la condition que seuls des drapeaux français soient brandis. C'est le jour maudit où un policier a tiré sur Bouzid Saâl, jeune scout musulman, originaire de Kherrata, tenant un drapeau de l'Algérie et le tue, ce qui déclenche plusieurs émeutes et actions meurtrières sauvages des manifestants, avant que l'armée n'intervienne. Le nombre des victimes algériennes, difficile à établir. Il fait toujours objet de débat. Les autorités françaises de l'époque fixent le nombre de tués à 1 165. Le gouvernement algérien reprend, par la suite, le nombre de 45 000 morts, référence faite au chiffre donné par le Parti du peuple algérien (PPA). Dans un laïus officiel, prononcé en 2005 à Sétif, l'ambassadeur de France en Algérie, a décrit cette séquence douloureuse de l'histoire comme une «tragédie inexcusable». La même année, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait qualifié la répression de «génocide» et exigea justice pour un «crime contre l'humanité» commis par la France. Le désormais président de la République française, Emmanuel Macron a, lors de sa visite de candidat en Algérie, reconnu que «la colonisation française en Algérie était un crime contre l'humanité». Inédit. M. Macron est depuis dimanche soir locataire de l'Elysée. Macron, joindra-t-il l'acte à la parole ? Macron le candidat qui s'est engagé à présenter des excuses à l'Algérie une fois élu, le fera-t-il en tant que Président ? Vendredi dernier, Emmanuel Macron est justement revenu dans ses déclarations sur les évènements tragiques du 8 mai 1945. «Ce 8 mai-là, c'est mal tombé, je ne serais pas encore investi. Si j'étais élu, mais, de fait, je prendrais des actes forts et je porterais des discours forts sur cette période de notre histoire …», a-t-il déclaré à Médiapart. A. B.