Les policiers auteurs de violences envers les "gilets jaunes" seront jugés et quelques affaires sont en cours d'instruction par un juge, a indiqué vendredi le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. "A ce jour, 174 enquêtes ont été ouvertes à Paris : 171 confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), 3 à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN)", a expliqué le procureur dans une longue interview au Parisien dans laquelle il dresse un bilan judiciaire de six mois de manifestations, assurant que personne ne bénéficiera d'une quelconque immunité. Depuis l'acte 1 des "gilets jaunes", c'est-à-dire le 17 novembre 2018, au moins 360 plaintes visant des forces de l'ordre ont été déposées, entraînant 248 enquêtes. Le procureur de la République a ajouté que parmi ces dossiers, 57 ont été clôturés et remis à son parquet, qui est en train de les analyser, indiquant que huit de ces enquêtes ont justifié l'ouverture d'une information judiciaire, c'est-à-dire que la poursuite des investigations est désormais confiée à des juges d'instruction. Il s'agit, a-t-il encore expliqué, de dossiers "où les préjudices sont les plus lourds", notamment avec des infirmités permanentes, comme celui de la blessure à l'œil du "gilet jaune" Jérôme Rodrigues le 26 janvier dernier. "Toutes ces procédures vont être analysées avec beaucoup d'attention. Il y aura des classements sans suite. Il y aura aussi des renvois de policiers devant le tribunal correctionnel d'ici à la fin de l'année", a affirmé ce procureur de la République qui a été nommé à ce poste en novembre dernier. Il a rappelé que depuis le début du mouvement, le 17 novembre, il y a eu 2.907 gardes à vue à Paris. "En dépit de ce contentieux de masse, nous avons toujours privilégié une approche personnalisée de chaque situation et eu le souci des victimes : 1.304 gardes à vue ont donné lieu à un classement sans suite, soit 44,8 % des dossiers, 1.357 personnes ont été déférées, dont 515 jugées en comparution immédiate", a-t-il précisé. Pour lui, la justice "passera dans ces affaires", soulignant qu'il n'y a "aucune volonté" de sa part "d'éluder ces violences ou de les minimiser". Selon un bilan provisoire sur les violences policières établi par le journaliste indépendant David Dufresne, il y a eu 802 signalements, 1 décès, 289 blessures à la tête, 24 éborgnés et 5 mains arrachées.