Les entreprises et les marques victimes de la contrefaçon doivent alerter les services des douanes pour mieux lutter contre ce phénomène ont estimé lundi à Alger des intervenants à un colloque sur la contrefaçon, soulignant la nécessité d'une collaboration étroite entre les différents intervenants pour endiguer ce fléau, devenu une menace croissante pour l"économie nationale. S'exprimant lors de la 5e édition du colloque international sur la contrefaçon en Algérie, organisé par le World Trade Center Algiers (WTCA), en collaboration avec le ministère du Commerce et la Direction générale des Douanes (DGD), le directeur des relations publiques et de l'information auprès de la DGD, Djamel Brika, a indiqué qu'en matière de lutte contre la contrefaçon, les services des douanes interviennent sous deux formes, à savoir une intervention directe engagée après des contrôles douaniers positifs ou sur la demande d'opérateurs économiques. Dans la première, a-t-il expliqué, les services des douanes s'auto-saisissent après constat d'infractions liées à la contrefaçon, tandis que la seconde intervient suite à une plainte ou requête déposée par une personne morale ou physique victime de la contrefaçon. A cet effet, il a souligné qu'il était "difficile" pour un agent douanier de reconnaitre des produits contrefaits, c'est pourquoi "nous procédons à des cycles de formation au profit des douaniers sur la base des caractéristiques techniques des produits fournis par les entreprises et les propriétaires de marques qui sont souvent victimes de la contrefaçon M.Brika a, dans ce sens, appelé les opérateurs, les entreprises et les propriétaires de marques à plus de coopération avec les services de la DGD afin de leur fournir les caractéristiques techniques de leurs produits, permettant de mieux les distinguer par rapport aux produits contrefaits. Pour sa part, le directeur général du WTCA, Ahmed Tibaoui, a également appelé les entreprises et les marques victimes de la contrefaçon d'alerter les services des douanes, soulignant que ce phénomène qui touche tous les pays à travers le monde s'est accentué avec la mondialisation. Il a observé qu'en Algérie, le phénomène de la contrefaçon est devenu "ravageur" dans certains secteurs Parmi les familles de produits "très touchés" par la contrefaçon, M.Tibaoui a cité les composants et le matériel informatique, les logiciels, les œuvres musicales, les films, les livres, les pièces détachés pour véhicules, les textiles, les articles de sport, les accessoires de la téléphonie mobile, les cosmétiques et articles d'hygiène, les cigarettes, et même les médicaments.Tibaoui a noté que ces produits contrefaits sont vendus sur les marchés informels qui représentent une "grande" part de l'économie du pays, mais également dans les marchés officiels, "ce qui représente un réel danger sur la santé des consommateurs". S'agissant des statistiques, M. Tibaoui a indiqué qu'en 2017, plus de 700.000 produits contrefaits ont été retenus avec une forte prévalence des produits de sports (40%), mais aussi des produits alimentaires, produits cosmétiques et chargeurs de téléphones portables, ajoutant que l'origine de ces produits c'est la Chine, ainsi que d'autres pays comme le Bengladesh, l'Inde, la Turquie ou la Malaisie. Il a, dans ce sens, expliqué que "si ces quantités ont été retenues, beaucoup d'autres ont pu être commercialisées sur le marché national", ajoutant que "la faute est aussi incombée aux opérateurs économiques qui sont, eux, victimes de la contrefaçon, mais ne se manifestent pas pour défendre leurs marques". Parmi les raisons de la propagation de ce fléau, M. Tibaoui a cité la multiplication des marchés informels qui ne permettent aucune traçabilité des produits, mais aussi l'hésitation des propriétaires de marques victimes de la contrefaçon à demander l'intervention des services habilités "par crainte d'atteinte à leur image de marque ». Il a, dans ce sens, appelé à une collaboration étroite de tous les intervenants à commencer par les titulaires de marques qui "doivent alerter les services des douanes en cas ou leurs produits sont contrefaits ". A signaler que les Douanes algériennes ont saisi 455.516 produits contrefaits durant l'année 2018. La majorité des biens contrefaits proviennent de Chine, soit 323.432 produits. Cela représente un taux de plus de 71% du total des produits contrefaits, introduits frauduleusement dans le territoire national en 2018. Par ailleurs, la contrefaçon coûte chaque année 60 milliards d'euros à 11 secteurs clés de l'économie européenne, selon une estimation de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO). L'enquête a montré que les pertes directes annuelles dues au piratage et à la contrefaçon atteignent 7,4% des ventes dans les secteurs étudiés. La contrefaçon pèse aussi sur l'emploi, puisque les fabricants légitimes produisent moins, compte tenu de la part de leurs ventes prise par les produits contrefaits, et donc emploient moins de travailleurs. L'étude chiffre à près de 468.000 les emplois perdus à l'échelle de l'UE.