Il ne fait plus aucun doute, la contrefaçon s'implante de plus en plus dans le marché algérien, d'autant que dans certains segments de la production industrielle, elle est même devenue inévitable. Pour en être convaincu, il suffit de se référer au bilan des saisies des produits contrefaits introduits frauduleusement sur le territoire national en 2008. Selon la direction générale des Douanes (DGD), le volume de marchandises interceptées et identifiées comme étant des copies s'élève à 1,51 million d'articles, non sans supposer que des quantités importantes de produits de même nature ont échappé aux contrôles aux frontières. «Néanmoins, les produits de contrefaçon importés en 2008 ont connu un recul de leur volume en rapport aux saisies effectuées par les services douaniers en 2007 et qui se sont élevés à 2,27 millions d'articles», a précisé Medjebar Boualem, directeur de la lutte contre la fraude à la DGD d'après une déclaration citée par l'APS. Signifiant également que si le volume des saisies a diminué, en revanche, il est resté important en termes de valeur. En effet, en 2008, la valeur des articles saisis a atteint environ 150 millions de dinars, contre 100 millions de DA en 2007, soit une augmentation de près de 50%. Une tendance qui démontre que les contrefacteurs s'adonnent de plus en plus à l'imitation de produits de valeur importante, a signifié Medjebar. Au registre des catégories de produits les plus contrefaits, la DGD rapporte que ce sont les cosmétiques qui viennent en tête de liste, car représentant 86,21% des articles saisis en 2008 contre 30,86 en 2007. Selon cette même source, les mêmes marques de produits cosmétiques sont saisies chaque année. Ces appropriations n'auraient pu se réaliser sans la vigilance des propriétaires de ces marques, qui alertent l'administration douanière à chaque tentative de contrefaçon, a tenu à dire ce responsable de la DGD. C'est pourquoi il recommande qu'«une collaboration ‘‘dynamique'' doit s'installer entre les services douaniers et les propriétaires de marques» .Cependant, ce responsable regrette le «peu d'intérêt» accordé par les autres opérateurs économiques à la protection de leurs marques. Et pour preuve, «depuis 2007, aucun nouveau propriétaire de marque ne s'est présenté à nos services pour nous alerter sur l'imitation frauduleuse de ses produits», a révélé le directeur de la lutte contre la fraude. Toujours selon cette même source, en 2008, les services des douanes ont enregistré 40 demandes d'intervention sur le terrain de la part de propriétaires de marques et 19 alertes pour signaler la présence de produits contrefaits au niveau des ports et des postes frontaliers. Pour lutter plus efficacement contre ce délit économique, la DGD avait signé 5 accords en matière de lutte contre la contrefaçon et le commerce illicite avec les propriétaires des marques BCR (Boulonnerie-coutellerie-robinetterie), Unilever (cosmétiques), British American Tobacco et Philip Morris international management (tabacs), et Nestlé (agroalimentaire). Selon les termes de ces accords, les actions de coopération portent essentiellement sur une formation dispensée par ces propriétaires de marques au profit des douaniers algériens afin de leur donner les capacités techniques leur permettant de distinguer les authentiques produits fabriqués par ces sociétés de ceux contrefaits. Pour revenir au tableau des produits les plus contrefaits introduits en Algérie, après les cosmétiques suivent les pièces de rechange automobile (Toyota, Bendix, CFA, Reflex). Elles représentent 5,83% des saisies contre 12,25% en 2007, «des marchandises souvent interceptées au niveau des frontières Est, notamment à Skikda ainsi qu'au port d'Alger», a signalé Medjbeur. Quant aux produits de quincaillerie, ils constituent 5,65% du total des saisies, suivis des produits électriques (2,06%) et électroménagers (0,25%). Dans un autre chapitre, celui de la provenance des produits contrefaits introduits en Algérie, le responsable des Douanes a dévoilé qu'«ils proviennent essentiellement de Chine, qui reste toujours en tête des pays pourvoyeurs de l'Algérie en produits contrefaits avec 38,46% des articles saisis en 2008, suivie des Emirats arabes unis et d'Italie (15,38% chacun) et de l'Indonésie et la Corée du Sud (7,69% chacun également). Quant à l'origine [fabrication] de ces marchandises, elles sont à près de 70% de Chine, à 7,69% de Hong Kong et d'Indonésie». Z. A.