Le musée du moudjahid de Batna est en course contre la montre pour recueillir et enregistrer les témoignages des moudjahidine de la révolution libératrice encore en vie dans la région. L'équipe en charge de cette tâche déploie de grands efforts pour entrer en contact avec les moudjahidine et recueillir leurs témoignages sur ce qu'ils ont vécu durant la période la glorieuse révolution, a affirmé le directeur de cet établissement Mounir Medkour. La maladie et l'âge avancé de ces derniers témoins de la révolution et l'étendue du territoire de la wilaya constituent les principales entraves à cette œuvre "documentaire" sur la révolution, a précisé le même cadre. Nonobstant ces contraintes, le musée a réussi, au cours de ces dernières années, à recueillir par vidéo les témoignages de la plupart des quelques moudjahidine qui furent au côté de Mostefa Benboulaïd lors du déclenchement de la révolution et qui étaient restés en vie. 810 témoignages de plus de 370 heures d'enregistrement L'équipe du bureau du patrimoine historique du musée a collecté, depuis le début de son activité en 2000 à ce jour, 810 témoignages de moudjahidine ayant participé aux préparatifs de la révolution libératrice, pris part à son déclenchement et pu voir l'Algérie s'émanciper du colonialisme, a ajouté le directeur du musée. Ces témoignages qui représentent 370 heures d'enregistrement vidéo, offrent aux universitaires et chercheurs sur l'histoire de la Révolution "une mine d'informations" livrées par des moudjahidine qui furent les compagnons de Mostefa Benboulaïd et en connaissaient les détails. Sis la route de Tazoult, le musée du moudjahid de Batna a entamé, précise son directeur, ces enregistrements exactement le 28 février 2000 en recueillant le témoignage du défunt moudjahid Nadji Nedjaoui qui avait accompagné Benboulaïd jusqu'à la frontière tunisienne dans son voyage pour acheminer des armes pour les maquis en prévision du déclenchement de la révolution. Pendant 5 heures, ce moudjahid évoque, a ajouté Medkour, de nombreux évènements majeurs de la guerre de libération dont le déroulement de la bataille de Khenguet Maach au lieudit Foum Toub dans la commune d'Ichemoul qui eut lieu le 9 novembre 1954 et dura trois jours. Nadji fut grièvement blessé durant ce haut fait d'armes qui prit par la suite l'appellation de "mère des batailles". Le témoignage d'Amar Benchaïba, alias Ali, a été également enregistré. Ali avait perdu un œil dans l'explosion de la radio piégée qui avait coûté la vie à Mostefa Benboulaïd et c'est dans la maison familiale de ce moudjahid à Dechrat Ouled Moussa que Benboulaïd avait dirigé la réunion de distribution des armes aux groupes de moudjahidine chargés de lancer la nuit du 1er novembre 1954 les actions annonciatrices de la révolution. Le musée a aussi recueilli les témoignages des deux moudjahidine Oussif Lakhdar et Mohamed Bayouch qui avaient participé la nuit du 1er novembre 1954 à l'attaque de la caserne de la ville de Batna et à la célèbre bataille de Tbabouchet à Kimel vers fin novembre 1954. Un autre important témoignage recueilli par le musée est celui du moudjahid Ahmed Gadda, le dernier du groupe des "bandits d'honneur" des Aurès dirigé par Hocine Berahaïl que l'administration coloniale désignait par les hors la loi. Ce moudjahid avait pris part à la préparation de la révolution et à de nombreuses embuscades et attaques contre les forces d'occupation. Ces témoignages parmi lesquels plusieurs sont rapportés par des moudjahidate dont Oumhani Bousseta se rapportent à de multiples faits majeurs de la révolution libératrice depuis les préparatifs de son déclenchement à l'indépendance, est-il indiqué. Le musée qui a bénéficié en 2001 d'une extension terminée en 2005 continue cette collecte de témoignages vivant des artisans de la révolution de libération sur des épisodes épiques de l'histoire contemporaine de l'Algérie écrits par le sang et le feu.