BIR LEHLOU (Territoires sahraouis libérés)- Le Front Polisario a déclaré que le processus de paix onusien au Sahara Occidental " se trouvait à un point critique ", proche de "l'effondrement", relevant qu'il n'avait d'autres choix que de reconsidérer son engagement dans ce processus. Réagissant juste après le vote, mercredi, de la résolution prorogeant le mandat de la Minurso d'une année, le Front Polisario a affirmé que ce texte ne contient aucune "action concrète pour faire avancer le processus de paix onusien", évoquant "un retour regrettable et inacceptable au statut quo au Sahara occidental". Cela "porte un sérieux coup à l'élan politique que le Conseil de sécurité a entretenu au cours des 18 derniers mois", a ajouté le Front Polisario en référence à la dynamique insufflée par l'ancien émissaire de l'Onu, Horst Kohler, qui a réussi à organiser deux tables rondes à Genève, six ans après l'arrêt des négociations de Manhasset. Le Front Polisario a estimé que l'instance suprême des Nations Unies a encore "manqué l'occasion" d'éviter "l'effondrement du processus de l'ONU face aux échecs répétés du secrétariat général de l'ONU et du Conseil de sécurité à empêcher le Maroc de dicter les termes du processus de paix et le rôle de l'Onu au Sahara Occidental". Face au Statut quo "le Front Polisario n'a d'autres choix que de reconsidérer son engagement dans le processus de paix", a-t-il mis en garde dans le même communiqué. C'est à ce titre que le Front Polisario a rappelé "les concessions énormes" qu'il a consenties pour faire avancer le processus politique, et ce "malgré l'intransigeance et le chantage" du Maroc. L'inaction du Conseil de sécurité face "aux tentatives flagrantes du Maroc de transformer la Minurso en un outil de normalisation de son occupation illégale de certaines parties de notre territoire à sapé l'intégrité du processus de paix de l'ONU", a regretté le Front Polisario. Et a rappelé encore que le mandat principal de cette mission onusienne, tel que défini par la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité et les résolutions ultérieures, consiste à organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui libre et équitable. La partie sahraouie réitère le rejet de tout approche qui s'écarte du plan de règlement des Nations Unies ou qui déroge à la nature juridique du dossier du Sahara Occidental comme question de décolonisation. "Le droit de notre peuple à l'autodétermination et à l'indépendance est inaliénable et non négociable, et nous utiliserons tous les moyens légitimes pour le défendre", a également affirmé le Front Polisario. Dans le même contexte, le Front Polisario a déclaré refuser "le laxisme et la complaisance" du secrétariat général de l'ONU vis-à-vis de "la soumission scandaleuse" de la Minurso aux règles édictées par Rabat et ses violations continues de l'accord de cessez-le-feu. "Nous nous réservons le droit légitime d'agir en réponse à toutes les actions déstabilisatrices du Maroc, puissance occupante au Sahara Occidental", a averti le Front Polisario, ajoutant qu'il est "impératif aux membres du Conseil de sécurité de comprendre la gravité de la situation actuelle et l'urgence de trouver une solution durable au conflit au Sahara Occidental". Soulignant que le plan de paix de l'ONU se trouvait à "un point critique", le représentant légitime du peuple sahraoui a alerté sur les risques de son effondrement. "Toute approche qui ne respecte pas pleinement les paramètres de la solution prévue par le plan de règlement des Nations Unies risque de provoquer l'effondrement du cessez-le-feu et de l'ensemble du processus de paix des Nations Unies", a conclu le Front Polisario. Mercredi, le Conseil de sécurité, divisé, a prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'Organisation d'un référendum au Sahara Occidental d'une année, rompant avec la pratique en vigueur depuis plus de deux ans, en vertu de laquelle la Minurso était reconduite sur une base semestrielle. Le vote a enregistré 13 voix pour et deux abstentions, celles de la Russie, membre permanent et de l'Afrique du Sud qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois d'octobre. Les deux pays reprochent notamment au texte son libellé favorable à l'une des parties. La Russie tout comme l'Afrique du Sud refusent le remplacement de principes de base relatifs à ce processus par des généralités sur la nécessité de trouver des "solutions réalistes ou des compromis", qui selon les deux pays, sapent la confiance vis-à-vis du Conseil de sécurité et assombrissent les perspectives du processus politique.