La Russie et l'Afrique du Sud ont déploré mercredi "les modifications des paramètres" du règlement du conflit au Sahara Occidental, évoquant des tentatives qui nuisent aux perspectives de paix dans ce territoire non autonome. S'exprimant à l'issue du vote sur la résolution prorogeant le mandat de la Minurso d'une année, l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Vladimir Safronkov, a regretté que les dernières résolutions sur le Sahara Occidentale aient "fait l'objet de modifications qui nuisent à l'approche impartiale du Conseil de sécurité". "Les paramètres précédemment convenus ne doivent pas être flous. J'entends par là les paramètres qui décrivent un modèle de règlement et soulignent la nécessité de trouver une solution mutuellement acceptable garantissant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ", a affirmé le diplomate russe. "Nous n'avions jamais accepté de telles modifications auparavant, et nous ne pouvons les soutenir maintenant", a tranché l'ambassadeur adjoint, dont le pays s'est abstenu de voter sur la résolution présentée par les Etats-Unis. Safronkov a affirmé que "le remplacement des principes du base du règlement du conflit par des remarques générales sur la nécessité d'adopter des approches réalistes et d'être prêt au compromis est une chose qui crée de l'ambiguïté, sape la confiance en les travaux du Conseil de sécurité et obscurcit les perspectives du processus politique". Prenant la parole, l'ambassadeur de l'Afrique du sud à l'ONU, Jerry Matjila, a déclaré que le texte de la résolution est "déséquilibré et ne fournit aucune réflexion sur ce qui a été entrepris par les deux parties". Selon l'ambassadeur, la référence aux notions de "réalisme" et "compromis" constitue une "tentative de saper certains principes", dont le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, "qui a pourtant été consacré par l'Assemblée générale" et les résolutions du Conseil de sécurité. Réaffirmant l'engagement de l'Afrique du sud à la tenue d'un référendum d'autodétermination, Jerry Matjila, qui préside le Conseil de sécurité pour le mois d'octobre, a plaidé pour un retour à un mandat de six mois pour permettre au Conseil de sécurité d'effectuer un suivi régulier de l'évolution du processus de paix. L'ambassadeur a également estimé "nécessaire" d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme. La reconduite de la Minurso en avril dernier avait déjà été marquée par l'abstention de la Russie et de l'Afrique du Sud. Pretoria avait notamment reproché au texte son libellé "favorable" à l'une des deux parties, son "manque de clarté" concernant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et l'absence d'inclusion d'un "volet droits de l'Homme" au sein du mandat de la mission onusienne. Face aux interventions sud-africaine et russe, la Chine, qui a voté mercredi en faveur de la résolution, a appelé à mener à l'avenir des "consultations plus adéquates" pour parvenir à un texte "plus équilibré et consensuel". Jeudi, l'Algérie, observateur officiel du processus de paix au Sahara occidental, a réagi par communiqué, regrettant un texte déséquilibré et non unanime. "L'Algérie note, toutefois, avec regret que la résolution 2494 (2019) n'a pas recueilli l'unanimité si importante des membres du Conseil de sécurité, dont une majorité a relevé le caractère déséquilibré du texte et qui a été notamment souligné par deux membres du Conseil de sécurité", indique le ministère des Affaires étrangères dans le communiqué. Depuis Bir Lehlou dans les territoires sahraouis libérés, le Front Polisario a réagi juste après la mise aux voix du projet de la résolution, affirmant que le processus sous l'égide de l'ONU se " trouvait à un point critique " et relevant qu'il n'avait d'autre choix que de revoir son engagement dans ce processus. La résolution présentée par les Etats-Unis appelle les partis au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à reprendre les négociations sous les auspices de l'ONU et sans préconditions, en vue de parvenir à une solution garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. En grande partie similaire, sur le fond, à la résolution d'avril dernier, le texte adopté mercredi relève que le statut quo au Sahara Occidental est "inacceptable", soulignant que progrès dans les négociations sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie des sahraouis sous tous ses aspects. Créée en 1991 par le Conseil de sécurité, la Minurso a pour mandat d'observer le cessez-le-feu entre le Front Polisario et le Maroc et d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental.