Des experts ont appelé, samedi à Alger, pour un changement du modèle de consommation énergétique national avant l'élaboration d'une politique globale dans le domaine, considérant, dans le même ordre d'idées, que le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures ne règle pas les différents problèmes de Sonatrach. "Ce n'est nullement ce projet de loi qui va trouver des solutions aux problèmes énergétiques et financiers de l'Algérie et la seule solution consiste à mettre en place une politique énergétique globale qui prend en considération le changement du modèle de consommation", ont estimé ces experts lors de la tenue de la 2ème édition des débats du Forum des chefs d'entreprises sur le thème: "La problématique du secteur de l'énergie en Algérie". "Le projet de loi sur les hydrocarbures doit nécessairement faire partie d'une politique énergétique globale qui comprend, notamment, le volet de la transition énergétique, celui du développement durable ainsi que le volet du conseil national de l'énergie", a expliqué l'ancien ministre des ressources en eau et ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar. Pour élaborer une telle loi, il faut d'abord, selon lui, garantir une stabilité sur le plan juridique, à savoir, garantir aux investisseurs que ce dispositif ne sera pas remis en cause par le futur gouvernement. " Certes ce projet de loi est bon dans l'ensemble et protège la souveraineté nationale, mais, il ne répond pas aux problèmes de Sonatrach du point de vue pétrole et du gaz ainsi que du point de vue de la rente", a-t-il considéré. Attar a estimé que l'ancienne loi sur les hydrocarbures +86/14 + est "beaucoup mieux" que le présent projet de loi, car, a-t-il dit, elle a déjà (l'ancienne loi) donné de meilleurs résultats pétroliers. "Grâce à l'ancienne loi, toutes les réserves ont été renouvelées ", a-t-il affirmé. Il a, ainsi, mis en avant la nécessité absolue de changer de modèle de consommation énergétique dans le pays, y compris, a-t-il dit, la politique des prix et le développement des énergies renouvelables. "Nous sommes très en retard dans le domaine de développement des énergies renouvelables pour les 22 milles Megawat prévus au programme de 2011 , nous n'avons réalisé que 500 Mégawat", a-t-il rappelé. "En 2030, 'exportation du gaz va s'arrêter si des mesures concrètes ne sont pas prise pour éviter cela", a averti M. Attar. Qualifiant le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures de " non-événement ", le Pr. Chems Eddine Chitour, enseignant à l'école nationale polytechnique d'Alger et de l'Institut algérien du pétrole, a estimé, pour sa part, que "ce n'est absolument pas le moment d'émettre une telle loi", affirmant qu'"il faut prendre le temps nécessaire pour son élaboration". "Ce projet de loi répond à une conjoncture qui n'est pas une priorité, on pouvait attendre quelques mois après l'installation du nouveau gouvernement pour mettre en place dans le calme et la sérénité un débat nationale englobant tous les citoyens pour discuter de l'élaboration de ce projet", a dit le Pr Chitour. "Pour que ce projet de loi soit efficace, il faut initier des débats ouverts (...) et informer sur la situation énergétique de Algérie en 2030", a estimé l'académicien. La transition énergétique, un "impératif" pour l'Algérie Considérant la transition énergétique comme un "impératif" pour l'Algérie, le Pr. Chitour a appelé à relever le challenge de la révolution de l'électricité verte. La révolution de l'électricité verte est un challenge dans lequel l'Algérie doit s'inscrire, a-t-il préconisé, pour sortir petit à petit de l'emprise des énergies fossiles afin d'aller, a-t-il dit, vers les énergies renouvelables. Il a rappelé qu'à partir de 2030, les Etats-Unis et toute l'Europe n'useront plus des carburants (énergies fossiles) pour leurs véhicules, car, a-t-il noté, la voiture électrique aura pris le dessus. M.Chitour a appelé, également, à donner une grande importance à l'économie circulaire et au secteur du recyclage des déchets pour donner une seconde vie aux choses et éviter le gaspillage. Il a, également, estimé que Sonatrach doit impérativement investir dans le solaire et permettre aux citoyens de participer dans ce domaine en mettant en place leurs propres panneaux solaires avec un apport de l'Etat de l'ordre de 50%.