Ali Haddad à la tribune L'instabilité du marché des hydrocarbures, l'épuisement des réserves et l'impossibilité d'exploiter immédiatement les hydrocarbures non conventionnels mettent l'Algérie dans une situation vulnérable. «La transition énergétique est une étape cruciale de la transformation de l'économie algérienne. C'est une phase aussi importante que la nationalisation des hydrocarbures qui est intervenue en 1971» a déclaré Ali Haddad, hier, à l'ouverture d'une rencontre organisée par le FCE sur la transition énergétique en Algérie. «Cette dernière est une thématique centrale et un axe de travail majeur du plan d'action du FCE. Je saisis donc l'opportunité de cette conférence pour annoncer que le FCE organisera en 2017 avec des partenaires du secteur public une grande rencontre pour encourager la production nationale de biens et de services dans le secteur de l'énergie.» Le président du FCE a également indiqué que «nous devons trouver des solutions pour réduire la consommation des secteurs énergivores et en améliorer l'efficacité énergétique et les performances tout en réduisant l'impact sur l'environnement». De plus, évoquant l'insécurité énergétique qui plane sur le pays, le président du FCE a longuement insisté sur l'importance stratégique que revêt ce secteur. «Le secteur de l'énergie figure parmi les thèmes phares qui seront traités lors du 'Forum africain d'investissements et d'affaires'' qui se tiendra du 3 au 5 décembre 2016. Le secteur privé algérien doit pouvoir entreprendre et investir dans ce secteur névralgique. Il faudra dans ce cas concevoir un cadre juridique et réglementaire adapté pour encourager l'investissement tout en préservant les intérêts suprêmes de l'Algérie. S'il y a un secteur où il serait judicieux de faire valoir la préférence nationale, c'est bien celui de l'énergie», a-t-il affirmé avant d'ajouter: «Le programme du président de la République a fixé le cap. Il prévoit, à l'horizon 2030, une puissance totale de 22.000 Mégawatts dédiés à la seule consommation locale. Il projette de développer un large éventail de filières technologiques où le photovoltaïque et l'éolien se taillent la part du lion avec respectivement 13.575 Mégawats et 5010 Mégawatts, le reste étant réparti entre l'énergie solaire thermodynamique, la biomasse, la cogénération et la géothermie.» Par ailleurs, l'expert en énergie Abdelmadjid Attar a présenté au nom du FCE, lors de cette rencontre, une étude faite par cette organisation patronale sur la transition énergétique. Ce faisant, il a souligné avec insistance la nécessité d'accélérer cette transition vers un nouveau modèle énergétique. «Les principaux paramètres de vulnérabilité de l'Algérie correspondent, d'une part, au taux de croissance de sa consommation énergétique par rapport à celui de ses réserves et sa capacité de production à long terme et, d'autre part, à la nature des usages au point de vue production de la valeur ajoutée», a fait savoir Abdelmadjid Attar. «La sécurité énergétique ne dépend pas des volumes et des capacités de production, mais du marché. On ne peut pas bâtir une stratégie de développement et garantir à long terme notre sécurité énergétique sur une simple base volumétrique sans les prix à l'exportation et la croissance effrayante et non maîtrisée de la consommation interne», a-t-il ajouté, préventif. On ne peut pas se projeter à long terme alors qu'il y a de fortes incertitudes sur les espérances de renouvellement des réserves conventionnelles et que le délai de mise en exploitation des hydrocarbures non-conventionnels sont importants et n'interviendront qu'en appoint, au-delà de 2015 dans le meilleur des cas.», a-t-il ajouté en misant sur les gaz non conventionnels qui sont seuls à pouvoir assurer un tant soit peu la sécurité énergétique de l'Algérie à long et à très long terme» puisque, selon lui, «d'ici 2030, les hydrocarbures continueront à assurer au mieux 73% de la consommation énergétique du pays». Abdelmadjid Attar, qui a bien rappelé que le secteur énergétique algérien est dominé par les entreprises étrangères et les filiales de la Sonatrach et qu'il n'existe aucune entreprise privée algérienne qui opère dans le forage, workover, logging, maintenance, etc., a souligné la nécessité d'encourager le privé national à s'impliquer dans le secteur énergétique et l'importance de développer la sous-traitance, notamment en instituant un certain taux d'intégration obligatoire. De son côté, l'expert pétrolier Francis Perrin a abondé dans le même sens que Abdelmadjid Attar en affirmant que la transition énergétique ne s'articule pas uniquement autour des énergies renouvelables, mais doit aussi intégrer d'autres éléments tels la rationalisation de la consommation énergétique et le changement de la manière de travailler sur les énergies fossiles.