La question de la transition énergétique a été au centre des débats des 19es journées de l'énergie organisées par le laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l'Ecole nationale polytechnique (ENP), sous le thème : "Les ressources pétrolières au service du développement durable en Algérie." Dans un contexte marqué par un débat intense sur le futur énergétique de l'Algérie, le thème est d'autant plus pertinent puisqu'il couvre tout le domaine de l'énergie, qu'elle soit conventionnelle ou non. Devant pas moins de trois ministres (Energie, Tourisme et Aménagement du territoire et Environnement), le professeur Chemseddine Chitour, qui dirige le laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l'ENP, a affirmé que l'Algérie doit aller vers un développement durable en utilisant rationnellement ses ressources pétrolières dans la mise en œuvre d'une transition énergétique. Selon lui, le déclin du pétrole est inexorable en 2050. Les énergies fossiles ne seront pas déterminantes dans le mix-énergétique. Les hydrocarbures de schiste, c'est une bulle qui va vite se dégonfler. Il ajoute qu'il nous faut sortir intelligemment de cette situation qui nous rend dépendant des énergies fossiles. Pour le professeur Chitour, la transition énergétique est un immense gisement. Selon lui, cette transition énergétique, qui nécessite l'adhésion de la société entière pour sa réussite, doit aussi se traduire par une sobriété énergétique et une utilisation pondérée des énergies fossiles. Citant quelques chiffres, l'orateur précise qu'un gain de 800 millions de dollars peut être fait si toutes les décharges étaient bien exploitées. Pour une heure passée dans les embouteillages, c'est 0,5 litre d'essence de perdu. Reste que cette transition énergétique est très complexe, comme l'explique Mustapha Mekidèche, ancien cadre dirigeant de Sonatrach et vice-président du Cnes. Dans sa communication intitulée : "Sécurité énergétique et financement du développement par le secteur des hydrocarbures : une fonction à variable complexe", il souligne qu'entre sécurité et transition, la priorité a toujours été donnée à la sécurité énergétique. Il faut, précise-t-il, maintenir une rente minimale pour financer les besoins économiques et sociaux et financer la transition énergétique. Dans un contexte où l'extinction de la rente est à présent datée, Mustapha Mekidèche souligne que nous abordons une double transition économique et énergétique qui se fait sous fortes contraintes et tensions. À la fois une transition énergétique coûteuse et complexe, mais nécessaire pour le développement durable et un nouveau modèle de croissance avec des conditions de mise en œuvre tendues. Selon lui, toutes les ressources devront être mises à contribution y compris le gaz de schiste qui reste incontournable. Lors de cette journée de l'énergie, de nombreux experts se sont exprimés à travers des communications. Les thématiques allaient du changement climatique, présenté par le professeur Rabah Kerbachi de l'ENP, aux défis et promesses des énergies renouvelables, présentés par le professeur Noureddine Yassa, directeur général du CDER. Par ailleurs, des élèves-ingénieurs de l'école ont présenté un modèle du bouquet énergétique pour 2030 qui met l'accent sur les énergies fossiles et renouvelables comme le solaire, l'éolien ainsi que la géothermie qui n'est pas exploitée dans le pays. S. S.