Le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Bouzid Lazhari s'est "étonné" lundi à Alger de la programmation par le Parlement européen d'un débat sur les droits de l'homme en Algérie, la qualifiant de "tentative de parasitage" dans cette conjoncture cruciale pour le pays. Dans une déclaration à la presse après avoir remis au chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, le rapport annuel relatif à la situation des droits de l'Homme en Algérie au titre de l'année 2018, M. Lazhari s'est "étonné" de la programmation par le Parlement européen d'une séance "d'urgence" pour débattre de la situation en Algérie, surtout, a-t-il dit, "dans cette conjoncture cruciale à quelques encablures de l'élection présidentielle". Pour le président du CNDH, cette démarche est d'autant plus étonnante qu'elle intervient "au moment où nous nous attendions à ce que le Prix Nobel de la paix soit décerné au peuple algérien et alors même que des violations des droits de l'homme sont commises dans d'autres pays sans que personne n'y prête attention". "J'ai des doutes sur cette opération instiguée par des personnes suspectes et des éléments organisés dans le but de parasiter l'Algérie". A cet égard, M. Lazhari a tenu à rappeler qu'"il n'existe pas en Algérie de crimes d'opinion", indiquant que de nombreuses personnes arrêtées lors des marches pacifiques avaient été relâchées après leur comparution. "Pour arrêter une personne, la police judiciaire est tenue d'avoir des éléments de preuve solides attestant de la commission d'un crime prévu dans le Code pénale", a affirmé le président du CNDH, assurant que "tout manquement en la matière sera dénoncé". M.Lazhari a évoqué, par ailleurs, le phénomène des manifestations nocturnes surgi tout récemment, qu'il a qualifié "d'étrange", estimant qu'elles (les manifestations) exercent une forte pression sur les éléments de sécurité, obligés de veiller au maintien de l'Ordre public". "Nous sommes certes pour le droit de manifester, mais dans le cadre des dispositions de la loi", a-t-il souligné. Le président du CNDH a rappelé, à cette occasion, le rôle qu'incombe à son organe en matière de protection des droits de l'Homme et d'enquêtes sur les dépassements qui pourraient surgir et de suivi des auteurs. Preuve à l'appui, il a cité sa correspondance à l'adresse du ministre de la Justice au lendemain de l'intervention, début novembre, de l'unité de maintien de l'ordre public relevant de la Gendarmerie nationale à la Cour de justice d'Oran, lorsqu'un nombre de magistrats avaient tenté d'empêcher l'ouverture de la session pénale. "Le ministre avait ordonné de diligenter une enquête sur cet incident", a-t-il rappelé. Pour conclure, M. Lazhari a réitéré son rejet de toute ingérence dans les affaires internes de l'Algérie, sous prétexte de la protection des droits de l'Homme, mettant l'accent sur la relation "étroite" qui lie le peuple algérien à cette question d'ailleurs consacrée par la Déclaration de Novembre 1954".