Le juge du Tribunal de Sidi M'hamed a auditionné, jeudi après-midi, l'homme d'affaires Mohamed Bairi, accusé dans des affaires de corruption liées essentiellement à l'activité de montage automobile, et qui a nié catégoriquement "avoir bénéficié d'avantages quelconques et d'exonérations fiscales". En réponse au chef d'accusation de dilapidation de 11.000 milliards de centimes dans le dossier du montage automobile, Bairi a déclaré "n'avoir jamais entendu parler de ce chiffre", précisant "avoir tenu à installer une usine temporaire, employant 450 salariés, à Bouira en attendant l'acceptation de son dossier d'établissement d'une usine à Ouled Haddadj". Après avoir rappelé que son usine "avait sorti en l'espace de trois (3) ans 459 véhicules", l'accusé a estimé "être un enfant du secteur" étant donné que sa famille active, depuis 1920, dans le commerce et les matériaux de construction . Niant en bloc avoir reçu des avantages en rapport avec cette usine, l'homme d'affaires a dit qu'il aurait dû être le premier opérateur à obtenir un agrément car c'est son métier. "D'ailleurs, je m'interroge encore sur les raisons pour lesquelles je n'ai pas été inclus sur la liste des opérateurs agréés", a-t-il ajouté. Interrogé sur la concession à son profit d'un terrain en 2016, Bairi a rétorqué que ce terrain qu'il n'avait pas sollicité était "inadapté" et qu'il avait demandé plutôt un foncier dans la région d'Ouled Haddadj, lequel lui a été refusé. "Je n'ai jamais sollicité l'ex-wali Zerhouni ni quiconque d'autre pour obtenir un terrain à Bouira ou à Boumerdes. J'ai déposé mon dossier en tant qu'investisseur mais je n'ai jamais demandé un terrain agricole", a-t-il allégué. Réagissant à cette accusation, il a déclaré "si j'avais su qu'investir dans mon pays pouvait me conduire en prison, je me serais abstenu", ce à quoi le juge a rétorqué que "l'investissement est régi par des lois" bien précises. Et d'enchaîner en l'interrogeant sur les pertes occasionnées au Trésor publics de montants de 772 millions de DA et de 720 millions de DA en raison de la mauvaise exploitation de ce terrain. Dans sa réponse, Bairi a soutenu qu'il n'avait pas "exigé" de lieu précis pour investir et qu'à ce jour, il n'avait pas reçu de permis de construire relatif à ce projet, reconnaissant néanmoins avoir pris connaissance de ces deux chiffres à travers une étude comparative réalisée par des parties qu'il n'a pas nommées. Précisant avoir signé, le 5 mars 2018, le cahier de charges relatif à la réalisation de cette usine, il a affirmé n'avoir pas reçu, à ce jour, de réponse de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI). Les déclarations de l'accusé ont été conformes à celles du témoin Brahimi Ghania, représentante de l'Inspection des impôts d'Alger-est, qui a fait savoir que M. Bairi "n'a jamais bénéficié d'avantages fiscaux", ajoutant qu'il n'avait pas de dette fiscale et qu'il a toujours respecté ses engagements en la matière. Demandant la parole, le prévenu a fait état de "dettes en suspens relatives aux projets de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ) et de la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC) d'une valeur de 84 milliards de centimes". Rappelant qu'il exerce dans le domaine de l'importation depuis 30 années, il a tenu à préciser que 80% de ses biens déclarés proviennent de l'héritage familial. Appelé en tant que témoin, l'ex wali de Boumerdes Yamina Zerhouni a fait savoir que le terrain de Boumerdes avait été transféré du temps de l'ancien wali et que Bairi avait été notifié de l'approbation. Soulignant, à ce propos, que "le dossier Bairi a été traité au temps du wali qui m'a précédé", elle a précisé qu'elle "avait donné la priorité aux dossiers approuvés, et que d'autres dossiers avaient été annulés après étude et vérification". "Le dossier Bairi m'avait été présenté par la directrice de l'industrie de la wilaya de Boumerdes, Mme Safia Belhout, oui monsieur le juge elle était présente et tout s'est passé en sa présence. Et Dans le souci de préserver le service public, j'ai du traité tous les dossiers en instance, par la validation ou le rejet pour non conformité au cahier de charges et à la loi", a-t-elle déclaré. Rétorquant à ces déclarations, la directrice de l'industrie de la wilaya de Boumerdes Safia Belhout a affirmé qu'elle n'était pas à son poste lors de l'examen du dossier Bairi par la Direction générale du domaine national, car elle était en formation en Chine, reconnaissant n'avoir pas pris connaissance du dossier mais qu'elle était membre de la commission qui avait validé le dossier du temps du wali ayant précédé Mme Zerhouni. L'audience se poursuit par l'audition de l'homme d'affaires Hassan Larbaoui, propriétaire de l'Usine de montage de véhicules (KIA), accusé d'avoir bénéficié d'indus avantages et d'exonérations fiscales.