Après une intense médiation qui a ravivé l'espoir de paix au Sahara Occidental, le processus onusien se trouve en 2019 dans l'impasse depuis le départ de l'envoyé personnel, Horst Kohler, à qui l'ONU tarde à nommer un successeur. L'ancien président allemand a décidé en mai de se retirer de son rôle de l'émissaire de l'ONU pour le Sahara après vingt mois de médiation qui l'ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus politique. Sa démission a répondu à un souci de santé mais le double jeu du Maroc a certainement renforcé sa conviction de renoncer à sa mission de médiation. Avec son départ le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun. En octobre, un Conseil de sécurité divisé a adopté une résolution déséquilibrée qui a porté un sérieux coup à l'élan politique qu'il a entretenu pendant 18 mois. Le texte prorogeant le mandat de la MINURSO d'une année a rompu avec la pratique en vigueur depuis plus de deux ans, en vertu de laquelle la Mission des nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental était reconduite sur une base semestrielle. La résolution présentée par les Etats-Unis mais marquée surtout par l'empreinte de la France, a été critiquée par plusieurs membres du Conseil de sécurité pour son libellé favorable au Maroc. L'Afrique du Sud, la Russie et la Chine ont déploré des tentatives d'estomper des paramètres de règlement du conflit convenus dans les résolutions précédentes du Conseil de sécurité. La référence aux notions de "réalisme" et "compromis" dans ladite résolution était une tentative de saper certains principes, dont le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, qui pourtant a été consacré par l'Assemblée générale et les résolutions pertinentes du Conseil sécurité. Face au blocage, la poursuite de la lutte En septembre, le SG de l'ONU a levé toute équivoque sur la nature du conflit au Sahara Occidental, réaffirmant dans un rapport soumis à l'Assemblée générale que les organes de l'ONU traitent ce dossier comme une question de décolonisation. En parallèle, le Front Polisario qui continue d'appeler de ses vœux à sortir de cette impasse a affirmé qu'il "ne sera jamais acteur d'un processus ne respectant pas le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination". L'affirmation a été réitérée par son secrétaire général, Brahim Ghali, à l'issue du 15ème Congrès du Front Polisario, tenu dans le territoire libéré de Tifariti du 19 au 25 décembre. Le Congrès a été l'occasion de rappeler la poursuite de la lutte du peuple sahraoui et l'apport décisif que pourrait apporter l'Union africaine à la libération des territoires occupés. Simultanément, la forte présence des délégations étrangères à ce congrès a reflété l'élan de solidarité internationale à la cause sahraouie, exprimé auparavant à l'occasion de la 44ème conférence européenne de soutien au peuple Sahraoui (EUCOCO), qui s'est tenue novembre à Victoria-Gastiez en Espagne. La conférence, tenue sous le slogan "la décolonisation du Sahara Occidental, une garantie pour la paix et la stabilité dans la région" avait pour ambition de contribuer à l'effort de progresser vers une solution pacifique, et constituer "un jalon dans le processus de paix". Dans le même sillage, l'année 2019, a été marquée par une mobilisation accrue des ONG et des défenseurs des droits de l'homme à travers le monde pour empêcher le pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental qui, par ailleurs, se poursuit sans le consentement de son peuple, propriétaire légitime du territoire.