ORAN– Les footballeurs algériens et les sportifs en général vivent "difficilement" cette période de confinement, dictée par la nécessité de faire face au Covid-19, une pandémie qui frappe de plein fouet les pays du monde. C'est une situation inédite à laquelle les sportifs tentent, tant bien que mal, de s'adapter, d'autant qu'elle intervient dans un moment crucial de la saison sportive du fait que les compétitions, notamment celles des sports collectifs, s'apprêtaient à amorcer le dernier virage de leurs différentes épreuves. Ce coup d'arrêt brutal met les sportifs et leurs entraineurs, ainsi que les gestionnaires du sport national dans l'embarras, sans parler de l'impact d'une telle situation sur le volet financier. Les joueurs que l'APS a abordés, sont unanimes à souligner la difficulté de mettre en œuvre le programme de préparation individuel que leur ont concocté leurs coaches respectifs avant de les libérer suite à la suspension des compétitions, il y a un peu plus d'un mois. L'entrainement individuel et ses limites Le capitaine d'équipe de l'ASMO (Ligue 2 de football) Tayeb Berramla, estime qu'en dépit de la bonne volonté des joueurs d'appliquer scrupuleusement les programmes de préparation individuel, il est quasiment impossible de le respecter pour diverses raisons, en premier lieu la fermeture de toutes les infrastructures sportives. "Ceux qui occupent des logements collectifs sont les plus touchés", a-t-il précisé. Le gardien de but du MC Alger (Ligue 1), Athman Toual, abonde dans le même sens. Il a fait savoir qu'il a presque cessé de s'entrainer après l'extension des horaires du confinement dans la capitale, car habitant dans un immeuble et l'exiguïté des lieux ne lui permet pas de s'adonner à des entrainements poussés. Le chevronné latéral droit de l'USM Alger (Ligue 1), Rabie Meftah, ira jusqu'à dire que la pandémie du coronavirus a complètement bouleversé le quotidien des joueurs, vu que ces derniers se sont habitués à un mode de vie très spécial, marqué par une dynamique constante. "C'est vraiment inhabituel de se retrouver du jour au lendemain confiné chez soi alors que nous sommes habitués aux déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Mais on doit s'y faire, car la santé des personnes est plus importante et on doit tous contribuer dans cette bataille contre le Coronavirus en respectant les recommandations des spécialistes et des pouvoirs publics", a-t-il estimé. Le nouvel attaquant du MC Oran (Ligue 1), Abdelhak Abdelhafid, a profité de la suspension des compétitions pour rentrer chez lui à Béchar. Il reconnait à son tour les difficultés rencontrées pour s'adapter à cette situation inédite. "Avant même que les premiers cas de Coronavirus ne soient diagnostiqués à Béchar, je respectais les mesures de confinement en limitant mes sorties aux seuls entraînements et aux courses ménagères", a indiqué ce joueur "Mais à présent, je ne sors plus de la maison. Je m'entraîne chez moi. Je ne prends aucun risque", précise-t-il, avant d'estimer que l'entraînement individuel ne sera pas suffisant. "Rester sans compétition pendant plus d'un mois va certainement nous obliger à refaire toute la préparation. Il faut seulement entretenir sa forme pour être prêt pour une nouvelle préparation", a-t-il estimé. Outre l'aspect sportif, il convient aux joueurs également de trouver un accord avec leurs responsables concernant le versement de leurs salaires. Déjà et avant cette crise sanitaire, la plupart des clubs étaient incapables d'honorer leurs engagements envers leurs joueurs. En revanche, comme l'ont noté la plupart des joueurs, cette période de confinement, si elle venait à être prolongée, sera une bonne opportunité à ceux évoluant dans des clubs loin de leurs lieux de résidence, pour passer le mois de ramadhan en famille. Mais cela n'est évidemment pas fait pour arranger les affaires de leurs entraineurs qui se projettent d'ores et déjà sur l'après-Coronavirus, surtout que les responsables du football national ont écarté toute éventualité de décréter une "saison blanche". les entraineurs dans l'embarras Dans ce contexte, l'entraîneur du MC Alger, Nabil Neghiz, a estimé qu'il est très difficile de reprendre le championnat national, suspendu depuis plus d'un mois, en raison de cette pandémie. "Si l'on ne reprend pas les entrainements collectifs avant la fin du mois d'avril, cela va être un véritable casse-tête pour nous, car il va falloir beaucoup de temps pour préparer à nouveau l'équipe à la reprise", estime l'ancien adjoint de Christian Gourcuff à la barre technique de la sélection nationale. Pour sa part, Kheireddine Madoui, qui a mené l'ES Sétif à décrocher la Ligue des champions africains en 2014 et actuellement en poste en Arabie saoudite, a considéré que "retarder la reprise sera bénéfique pour tout le monde. En respectant leur programme de préparation individuel, les joueurs maintiendront leur forme physique. Mais ce travail restera insuffisant et il leur faudra 5 à 7 semaines de préparation pour renouer avec la compétition". Quant au kinésithérapeute, Omar Lahoussine, membre du staff médical actuel du CR Belouizdad (Ligue 1), il a appelé les athlètes à suivre strictement l'entraînement individuel à domicile et avoir une hygiène de vie irréprochable en cette période d'arrêt de la compétition. "Les joueurs doivent respecter scrupuleusement leur programme d'entrainement individuel comme ils sont obligés d'avoir une hygiène de vie irréprochable, d'autant que la suspension du championnat intervient en phase retour, à quelques journées de la fin de la saison", a-t-il affirmé. "Nous ne pouvons pas contrôler les joueurs chez eux. Ils doivent être responsables et appliquer les exercices du repos actif. Au niveau du CRB, chaque élément a son programme à suivre. Il est clair qu'avant la reprise des entrainements collectifs, un test physique est prévu, comme c'est le cas durant l'intersaison, pour connaître l'aptitude de tout un chacun à renouer avec la compétition. La charge du travail sera différente d'un élément à un autre", a précisé Omar Lahoussine.Il a, en outre, mis en garde les joueurs contre les risques de blessure, une fois que la compétition retrouve ses droits s'ils ne respectent pas leur programme de préparation individuel. "Le risque existe. C'est la raison qui doit pousser les joueurs à travailler en cette période d'inactivité. A la reprise, il y aura concertation entre les staffs médical et technique pour prendre une décision collégiale concernant les joueurs les plus en forme qui seront retenus pour le reste de la compétition", a-t-il averti.