L'Organisation mondiale de la santé (OMS) va lancer une plateforme de partage de données et de licences de droits de propriété intellectuelle pour assurer l'accès du plus grand nombre aux découvertes médicales et technologiques réalisées dans la lutte contre le nouveau coronavirus, a annoncé vendredi son directeur général. Avec les présidents du Costa-Rica, Carlos Alvarado, et du Chili, Sebastian Piñera, Tedros Adhanom Ghebreyesus a appelé un maximum de pays et d'acteurs de la recherche à participer de façon "volontaire" à la création de cette plateforme coopérative. Il s'agit selon eux de mettre sur pied "une banque de données de technologie médicale pour des vaccins, des médicaments, des diagnostics et tout autre instrument" de lutte contre la maladie Covid-19 qui a fait plus de 300.000 morts depuis son apparition en Chine fin 2019. Sur cette plateforme pourront être partagés gratuitement "de la connaissance, des données et des droits de propriété intellectuelle sur des instruments existants ou nouveaux", ont-il précisé. "Dans ces circonstances extraordinaires nous devons libérer la pleine puissance de la science, pour apporter des innovations évolutives, utilisables et qui profitent à tous, partout, en même temps", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse virtuelle. L'OMS, l'ONU, les ONG humanitaires et un certain nombre de pays pauvres ou en développement s'inquiètent depuis le début de la pandémie des risques d'inégalité dans l'accès aux futurs vaccins ou traitements alors que les Etats les plus riches cherchent d'ores et déjà à s'assurer un approvisionnement prioritaire. Plus de 100 projets ont été lancés dans le monde et une dizaine d'essais cliniques sont en cours pour tenter de trouver un remède contre la maladie. Les enjeux financiers potentiels sont colossaux et plusieurs grands groupes pharmaceutiques sont entrés dans une course contre la montre avec l'espoir d'être le premier à mettre un vaccin sur le marché. Le géant pharmaceutique français Sanofi a provoqué l'indignation cette semaine en Europe en annonçant qu'il distribuerait un éventuel vaccin en priorité aux Etats-Unis, qui ont investi 30 millions de dollars pour soutenir ses recherches. Cette inégalité dans l'accès s'est déjà rencontrée à l'occasion de précédentes épidémies, comme au début de l'épidémie de HIV et de celle du H1N1 en 2009. "Les modèles classiques du marché ne peuvent suffire à satisfaire les besoins de la planète entière. La solidarité dans les pays et entre les pays avec le secteur privé est essentielle", a martelé M. Tedros vendredi.