Le ministre de l'Energie et président de la 22éme réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), Abdelmadjid Attar a plaidé mercredi à Alger en faveur d'un mécanisme devant permettre d'assurer la stabilité des marchés gaziers notamment en période de crise. "Il n'existe pas de mécanisme comme pour le pétrole où les pays souverains pourraient agir de manière coopérative et collective pour apporter la stabilité aux marchés du gaz, en particulier en temps de crise", a soutenu M. Attar dans une allocution d'ouverture d'une table ronde ministérielle du GECF, tenue par vidéoconférence. "C'est peut-être l'occasion d'explorer grâce à une réflexion innovante, les possibilités de mettre en place de tels schémas coopératifs, au profit des exportateurs, des consommateurs et de l'industrie gazière", a-t-il souligné. Evoquant l'impact de la pandémie du Covid-19 sur les marchés du gaz naturel, M. Attar a affirmé que la pandémie devrait entraîner une baisse de la demande mondiale de gaz. "Les prix ont continué de baisser à des niveaux jamais vus dans l'histoire récente, créantainsi une pression sur les volumes tarifés à l'aide de formules liées au pétrole", a-t-il également relevé. Selon M. Attar, les marchés du gaz naturel souffraient déjà d'une "offre excédentaire importante lorsque la pandémie a commencé à frapper". En 2019, la demande de gaz naturel a augmenté de 1,8%, aidée par la politique et les prix du carbone ont induit le passage du charbon au gaz, a-t-il noté. Cependant, poursuit-il, l'offre a augmenté de 3,5%, tandis que les échanges de GNL ont augmenté de 13%. Cette offre excédentaire a conduit, selon lui, à une baisse des prix des hubs de plus d'un tiers, en particulier en Asie et en Europe. La pandémie aura probablement un effet considérable sur les perspectives énergétiques mondiales à long terme, a-t-il fait observer tout en soulignant le rôle important du gaz naturel dans la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux. "La demande mondiale d'énergie devrait augmenter d'environ 24% d'ici 2050, principalement dans les pays en développement, sous l'effet de la croissance démographique, de l'expansion économique et de l'amélioration des conditions de vie", a tenu à signaler le ministre de l'Energie évoquant à ce propos "deux défis importants à relever". Il s'agit en premier lieu de l'accès aux services énergétiques modernes, qui constitue selon lui, une "préoccupation majeure", car près d'un milliard de personnes, principalement en Afrique, continuent de ne pas avoir accès à l'électricité et de compter sur la biomasse traditionnelle pour cuisiner. Gaz: début des travaux de la table ronde ministérielle du GECF Il a appelé le GECF à élargir son travail sur cette question "importante" et à être un "défenseur d'un meilleur accès à l'énergie".L'autre défi évoqué par le ministre est celui lié à la protection de l'environnement, tant au niveau local que mondial. Pour M. Attar, toutes les sources d'énergie contribueront à satisfaire les besoins énergétiques mondiaux à l'avenir. Cependant, le gaz naturel est certainement bien placé pour apporter une réponse adéquate aux défis évoqués au même titre que les énergies renouvelables, a-t-il encore mentionné. Affirmant que les risques du marché gazier, qu'ils soient liés aux volumes ou aux prix, sont uniquement supportés par les pays exportateurs, le ministre de l'Energie a souligné que ce schéma ne peut être viable à "moyen et long terme". "Plus récemment, une poussée politique a été observée dans certains pays ou groupements de pays pour déployer des stratégies encourageant le développement de l'hydrogène comme vecteur énergétique, ce qui contribuerait à réduire les émissions de dioxyde de carbone", a-t-il en outre fait observer, ce qui pourrait constituer, selon lui, une opportunité pour les exportateurs de gaz naturel dont ils disposent des ressources et des infrastructures de transport. Il a, à ce propos, appelé le secrétariat du GECF à évaluer les impacts potentiels de ces récents développements, recommandant l'encourager de l'industrie gazière à redoubler d'efforts en vue de faire face à la question des émissions de méthane. "Il est important que le gaz naturel joue un rôle plus important dans la transition énergétique dans laquelle le monde s'est engagé", a-t-il encore souligné.