La recrudescence de la pandémie du Covid-19 à Oran, avec de plus en plus de cas graves, relance les équipes médicales de l'EHU "1er novembre" d'Oran et l'hôpital de Haï Nedjma dans un nouveau marathon, marqué par un manque de moyens matériels et humains, de l'avis des experts. Les équipes, déjà épuisées par de longs mois de lutte acharnée contre le "mal invisible", se retrouvent face à une nouvelle vague, avec des dizaines de cas graves. A la crèche de l'EHU "1er novembre" d'Oran, transformée en unité Covid-19 depuis le début de pandémie, le paysage est affligeant. La quarantaine de lits réservés aux malades les plus graves sont occupés, et les patients sont transférés au fur et à mesure à l'hôpital de Haï Nedjma.Faute de place, les brancards sont transformés en lits de réanimation, branchés à des bouteilles d'oxygène. Certains sont installés dans les couloirs, en attendant qu'une place se libère au niveau de la crèche ou à l'hôpital de Haï Nedjma. Contrairement à la situation ayant prévalu au début de la première vague, l'ambiance semble plus sereine aujourd'hui."La peur a, peu à peu, cédé la place à une certaine routine", confie la cheffe de l'unité Covid-19 de l'EHU d'Oran, le Pr Dalila Benali. Cette spécialiste n'arrête pas de donner des instructions à son équipe, tout en brossant un tableau de la situation du moment au directeur de l'EHU d'Oran, Dr Mohamed Mansouri, qui a accompagné l'APS dans une visite à l'unité Covid-19 de son établissement, ainsi qu'à l'hôpital de Hai Nedjma, dont la gestion lui a été confiée. Son visage passible laisse transparaitre une certaine tristesse. Son regard déterminé ne cache pas complètement son inquiétude. Pourtant, pas de place aux sentiments."Il y a des vies humaines qui dépendent de nous. Nous n'avons pas vraiment le temps de réfléchir à ce que nous ressentons", dit-elle. L'équipe de l'APS qui traverse les couloirs des deux étages de la crèche, découvre les malades gisant dans leurs lits. Certains sont inconscients, branchés à des appareils qui les maintiennent en vie. "Ils sont intubés" explique le Dr Mansouri. Certains sont allongés, l'air épuisé par la maladie. D'autres sont assis et semblent plus en forme que les autres. "Ils sont tous dans un état grave", tranche le Pr Benali, qui explique que seuls les cas présentant des complications respiratoires sont admis à l'unité Covid-19 et l'hôpital de Hai Nedjma. Lire aussi: EHU d'Oran: réouverture du service de pneumologie pour la prise en charge des cas de Covid-19 Ceux qui ne sont pas en danger, sont priés de rentrer chez eux pour se confiner et suivre scrupuleusement le traitement adapté à leur cas.Arrivés à l'hôpital de Haï Nedjma, l'équipe médicale entoure le Dr. Mansouri et le Pr. Benali. Différents besoins sont exprimés : Plus de lits, plus de respirateurs, plus de personnels. Le Directeur de l'EHU annonce la prochaine réception de 200 lits que la Direction locale de la santé et de la population mettra à la disposition de cet établissement hospitalier.Un bienfaiteur a fait don de 20 respirateurs artificiels, ce qui va permettre de doter cet hôpital du nombre égal de lits de réanimation. Pour le personnel, les paramédicaux notamment, il va falloir réorganiser la répartition du travail car, il serait difficile de mobiliser d'autres.Pour l'heure, on estime que les moyens actuels, renforcés au fur et à mesure, suffisent pour prendre en charge le flux des cas Covid19, mais la crainte de voir le nombre de cas augmenter pour dépasser les moyens existants plane sur les équipes médicales. "Nous ne sommes pas les seuls à vivre cette situation", souligne le Dr Mansouri. "Les plus grands hôpitaux européens se retrouvent dépassés par le flux des malades", ajoute-t-il. Pour le Pr Benali, l'épuisement des équipes constitue une grande préoccupation. "Combien de temps encore peut-on tenir ce rythme ?" s'interroge-t-elle.De son côté, le Dr. Mansouri, qui affirme passer ses week-ends à l'hôpital depuis des mois, n'a pas la réponse, mais il rappelle qu'il est de son devoir, et celui de tout le corps médical d'ailleurs, de prendre en charge les cas Covid-19.